Chikungunya : qu’est-ce que le programme Wolbachia, efficace en Nouvelle-Calédonie et réclamé à La Réunion ?

Des moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia sur le point d'être lâchés.
Alors que l’épidémie de chikungunya prend de l’ampleur à La Réunion, les élus montent au créneau et interpellent l’Etat. Parmi les moyens de lutte évoqués, le programme Wolbachia, développé en Nouvelle-Calédonie, est réclamé par le sénateur de La Réunion Stéphane Fouassin.

Le nombre de nouveaux cas de chikungunya augmente fortement chaque semaine à La Réunion. Du 10 au 16 mars, 4 156 cas ont été enregistrés partout dans l’île. Depuis le mois d’août 2024, 13 594 Réunionnais ont contracté le chikungunya, deux sont décédés.

Les élus réunionnais montent au créneau

Le niveau 4 du plan ORSEC a été déclenché le 14 mars dernier, mais malgré les moyens alloués à la lutte antivectorielle, l’épidémie progresse. Parmi les élus, certains réclament davantage de moyens, ainsi que le recours à des dispositifs utilisés ailleurs et ayant fait leurs preuves.

Le sénateur de La Réunion Stéphane Fouassin souhaite que soit mis en œuvre à La Réunion le programme Wolbachia mis en place en Nouvelle-Calédonie en 2019. Une méthode reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé et soutenue par l’Institut Pasteur.

Une conférence s’était tenue en février 2024 à l’Université de La Réunion pour présenter cette méthode.

 

Le programme Wolbachia, une méthode naturelle

Le programme World Mosquito, développé dans le Grand Nouméa, consiste à inoculer une bactérie, appelée "Wolbachia", aux moustiques Aedes Aegypti, vecteurs de la dengue et du chikungunya. Le programme a été lancé en 2019, en partenariat avec la ville de Nouméa, l’Université australienne de Monash, l’institut Pasteur et le gouvernement local.

La bactérie a pour particularité d’empêcher la transmission du virus, type dengue, zika ou chikungunya, à l’homme. Plusieurs îles du Pacifiques, des régions d’Australie, de Colombie, d’Indonésie ou du Vietnam utilisent cette méthode.

 

L’expérience réussie du Grand Nouméa

Près de 24 millions de moustiques porteurs de la bactérie ont été relâchés sur quatre commune de l’agglomération nouméenne, tout au long de ce programme. Des insectes qui ont transmis naturellement la bactérie en se reproduisant. Si bien que 86% de la population de moustiques en est porteuse. Aussi, depuis 2020, aucune épidémie d’arbovirose n’a été observée dans l’agglomération.

Le programme a coûté près de 7 millions d’euros, évitant des dépenses de santé estimées à près de 67 millions d’euros.

Pour garantir l’efficacité du programme Wolbachia, les scientifiques doivent cependant opérer une surveillance, afin de s’assurer qu’un pourcentage suffisant de la population de moustique reste infecté par la bactérie.

 

La Technique de l’Insecte Stérile à La Réunion

A La Réunion, pas de programme Wolbachia, mais plutôt la Technique de l’Insecte Stérile. Développée depuis 2021 par une équipe de chercheurs de l’Institut de Recherche pour le Développement, la TIC doit permettre de contrôler la prolifération du moustique à La Réunion.

Entre juillet 2021 et août 2022, des millions de moustiques mâles stériles Aedes albopictus ont été lâchés dans le quartier de Duparc à Sainte-Marie. La fertilité des moustiques sauvages a alors été réduite de 60% sur ce secteur.

L’opération TIS est entrée dans sa 2ème phase en début d’année, s’étendant à 200 hectares d’une zone urbaine de Saint-Joseph. D’avril à mail 2021, une première opération concernant l’Aedes aegypti avait été menée avec succès dans le quartier de Vincendo.