Chirac et le tourniquet du métro : installé à La Réunion, le photographe raconte

C’est une photo en noir et blanc qui reste parmi les clichés les plus célèbres de Jacques Chirac. L’ancien président de la République est décédé jeudi 26 septembre à l’âge de 86 ans. Pendant longtemps, il a été dans l’objectif de Jean-Claude Delmas. Photographe à l’Agence France Presse, il est l’auteur de cette célèbre photo et est aujourd’hui installé à La Possession, à La Réunion.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 
Prise en 1980 à la station de métro Auber à Paris, la photo fera le tour du monde. Jacques Chirac est maire de la ville, mais pas encore Président de la République. Âgé de 48 ans à l’époque, l’homme fort de la droite enjambe un tourniquet et fraude ainsi le métro parisien. Jean-Claude Delmas, le photographe, raconte :
 

Comme tous les hommes politiques, il ne savait pas qu’il fallait retirer le ticket de métro qui lui avait été remis pour que le portique s’ouvre. Il est resté bloqué devant et d’un seul coup, il a sauté devant moi. On se connaissait, il m’a regardé et il a fait ça sportivement. C’était très dynamique, très sportif, à la Chirac.

Une scène insolite, une portée politique

Maire de Paris, il était venu dans le métro parisien pour inaugurer une exposition en présence de plusieurs journalistes. Jean-Claude Delmas fera plusieurs clichés de cette séquence. Dès le lendemain, ils font la une de la presse. La scène est insolite. Jacques Chirac, tel un fraudeur, fait couler beaucoup d’encre. Certains voient dans cette image son audace, sa détermination, sa vitalité. Politiquement aussi, l’image a du sens. A l’approche de l’élection présidentielle de 1981, les journalistes politiques y voient un homme "qui n’est pas prêt à reculer devant l’obstacle". 
 

 

Reçu à l’Elysée en 1998

Jean-Claude Delmas a suivi Jacques Chirac pendant des dizaines d’années. En 1998, il est reçu à l’Elysée. Le photographe lui offre alors les tirages de cette séquence photo. Installé dans l’Ouest de l’île, Jean-Claude Delmas jette un coup d’œil dans le rétroviseur.

"Avec ma profession de témoin, j’ai vu le monde avancer, le monde bouger, aussi bien avec les grands de ce monde que les petits, raconte-t-il. Aujourd'hui, j’ai un regard un peu philosophique et sceptique sur l’être humain quand je vois le monde continué à avancer".