Au cœur du Cirque de Cilaos, le Piton de Sucre représente un bijou de biodiversité sur notre île. Il fait partie des quatre sites réunionnais classés comme exceptionnels dans le patrimoine mondial de l'UNESCO (avec le Piton d'Anchaing, la Grande Chaloupe et le bas de la forêt de Mare Longue). Mais la forêt sommitale du Piton de Sucre n’est accessible qu’avec des cordes, ce qui en fait l’endroit rêvé pour allier escalade et action environnementale.
Une zone menacée
Les Espèces Exotiques Envahissantes (EEE) constituent la principale cause d’érosion de la biodiversité à La Réunion. De nombreuses plantes amenées par l’être humain sont devenues aujourd'hui très envahissantes et constituent un grand danger pour les milieux et les espèces locales.
Le programme PARADE (Programme Associatif de Restauration et d’Aménagement Durable en Escalade) a fait escale au Piton de Sucre pendant deux jours. L’ambition : réaliser des inventaires de la biodiversité au cœur de cette forêt qui contient des espèces rares et protégées, telles que le Bois de Mussard ou encore le Bois de Poivre. “La forêt sommitale du Piton de Sucre n’est accessible qu’avec des cordes, ce qui en fait l’endroit rêvé pour nous d’allier escalade et action environnementale”, explique Eric Poullain, responsable de la gestion des sites naturels d’escalade pour le compte de la LRFFME (Ligue Réunion de la Montagne et de l’Escalade). Une action qui réunissait des botanistes de l’ONF, mais aussi des membres d’associations naturalistes telles que « mission Spider » et « ARCAM » (Association pour la recherche et la conservation des arthropodes et des mollusques).
Un travail collectif
Plusieurs experts de la grimpe ont prêté main-forte aux naturalistes et scientifiques pour se rendre au cœur de la forêt sommitale du Piton de Sucre. Avant de s’encorder pour rejoindre le sommet. “On a commencé à restaurer 0,5 hectare de forêt au pied du Piton de Sucre, il y a quelques années, avec le Parc National de La Réunion et le Conservatoire Botanique National Mascarin. La zone était envahie par les Galaberts. On a replanté des espèces protégées et rares comme par exemple un benjoin qui vient de Cilaos, témoigne Julien Triolo, responsable du pôle écologie à l'ONF. On a eu l’idée d’associer les gens de l’escalade au projet de restauration. L'idée, c'est de mailler les deux mondes, et de propager les connaissances”, conclut-il.
Une expérience inédite
Plusieurs associations naturalistes ont répondu présentes. “Nous étudions les araignées de La Réunion et nous n’avons aucune connaissance d’inventaire d’araignées sur le site du Piton de Sucre. Donc ce sera une première pour La Réunion. Je vais pouvoir collecter les bêtes avec un aspirateur à bouche puis les identifier”, explique Grégory Cazanove, aranéologue et entomologiste du Muséum d'histoire naturelle.
Cette journée de lutte et de prospection a porté ses fruits. Elle a permis d’inventorier de nouvelles espèces (faune et flore), mais aussi de constater la repousse naturelle de nombreuses espèces endémiques grâce à l’opération effectuée six mois plus tôt. Une régénération de bon augure pour la survie de cette forêt. Selon les équipes sur place, d’autres journées de lustre de ce type verront le jour courant 2024, pour continuer à sensibiliser sur la richesse et la fragilité des écosystèmes de notre île.