Ce mercredi 5 juillet, à la préfecture de La Réunion, Karine Turpin est entrée dans le cercle très restreint des Meilleurs ouvriers de France. Elle a reçu une médaille d'or pour ses broderies artisanales.
"Que cette tradition perdure"
"Dans ma boutique à Cilaos, je donnais déjà quelques cours, mais avec ce titre, je peux désormais être formatrice pour donner envie aux autres d’apprendre la broderie pour que cette tradition perdure", se réjouit Karine Turpin.
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Cette entrée chez les Meilleurs ouvriers de France est le fruit d'un travail de plus de cinq ans. Pour le concours, le thème imposé était H2O : l’eau dans tous ses états. "J’aime bien ce genre de défis, j’ai dû faire une quarantaine de points différents", explique Karine Turpin en commentant son ouvrage qui donne un beau coup de projecteur sur la broderie à Cilaos.
"Cela m’a demandé 400 heures de travail au total, dont 250 heures de broderie, explique Karine Turpin. Je brodais quatre à cinq heures le matin, pareil l’après-midi et en plus je tenais ma boutique à Cilaos".
Une passion de mère en fille
"C’est une passion dont j’ai hérité de ma mère, qui elle l’a reçu de sa mère", raconte Karine Turpin.
Quand ma mère brodait, j’aimais m’assoir à côté d’elle et récupérer les fils. Je lui demandais une aiguille, un bout de toile et je le faisais aussi, pour faire comme maman. J’ai appris mon premier point à l’âge de 6 ans. Je voulais apprendre, j’ai eu un tambour à 9 ans.
Karine Turpin
La 10ème réunionnaise
Karine Turpin est la septième brodeuse de Cilaos à être consacrée meilleure ouvrière de France. Elle la recevra des mains du chef de l'Etat en fin d'année à Paris.
Elle est aussi la dixième réunionnaise à obtenir cette distinction. Après Gabrielle Mazagran en 1979, première lauréate réunionnaise au concours des Meilleurs ouvriers de France, Marie-Hélène Techer en 1982, Thérèse Techer en 1986, Raymond Barthes en 1991, Suzanne Maillot en 1994, Jessie Clain en 1977, Christian Maynadier en 2003, Colette Turpin en 2004 et Olivia Rivière en 2011.
Plus de 140 métiers récompensés
Depuis 100 ans, ce concours valorise les savoir-faire français de tradition et de création. Il récompense les personnes les plus méritantes qui les font vivre et les transmettent. Du patrimoine architectural à la bijouterie, de la gravure au multimédia, de la restauration à la mode, plus de 140 métiers des domaines de l’artisanat, de l’industrie, des services et de la culture demandent passion, exigence, rigueur et dépassement des candidats.
Le concours de Meilleur ouvrier de France
Ce concours est ouvert à tout professionnel, pratiquant ou enseignant âgé de plus de 23 ans. Une sélection est effectuée au niveau régional. L’œuvre finale proposée est un sujet imposé, dont l’interprétation est proposée au jury. Elle est accompagnée d’un livret reprenant toutes les démarches du candidat, ses choix argumentés, les étapes de fabrication, les difficultés techniques, le tout illustré d’une riche iconographie. Le jury, composé des plus hautes personnalités professionnelles, doit évaluer scrupuleusement une quinzaine de critères de notation sur une œuvre qui reste strictement anonyme.