Le vin de Cilaos, voilà un produit qui fait à coup sûr partie du patrimoine local. Dans le cirque, ceux qui font perdurer cette tradition ont débuté depuis deux semaines les vendanges de leurs parcelles de raisin.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Jean-Noé Dijoux dit "Nono", est désormais agriculteur retraité, à 84 ans. Mais c'est avec passion qu'il continue de récolter ses grappes, et avec plaisir qu'il en parle, incitant les jeunes à reprendre le flambeau. "Sur Cilaos, il n'y a pas beaucoup de jeunes, mais du côté d'Ilet à Cordes il y a des jeunes qui s'accrochent, ils sont intéressés, ils bossent, il y a un bel avenir avec eux", sourit-il. "Nono" est optimiste pour la filière : "On fait de la recherche sur le raisin, et un de ces jours on trouvera un cépage résistant, productif, qui donnera un bon vin, et vous allez voir, tout le monde va s'y mettre !".
En attendant que la variété parfaite et optimale soit trouvée, il encourage les jeunes à s'intéresser à ce beau métier de viticulteur. "Ceux qui travaillent dans un bureau derrière un ordinateur, je leur souhaite d'être à la place du jeune qui est en train de récolter son raisin, il n'y a rien à voir. C'est une qualité de vie que de travailler la terre, d'être au soleil, c'est extraordinaire, il n'y a rien qui peut la remplacer", dit-il, avant de retourner à son sécateur. Penché au-dessus de sa treille, il examine les grappes et distingue celles prêtes à être coupées, et celles qui devront attendre encore un peu. "C'est pas comme en métropole ou quand ça mûrit, tout mûrit", observe-t-il.
Deux garçons pour prendre la relève
Sur un autre coteau, Christian Turpin, viticulteur de 67 ans, fait partie des premiers à avoir produit le fameux vin du cirque. Et s'apprête à passer la main bientôt à deux de ses garçons, même s'il craint que cette activité ne leur permette pas de gagner leur vie. C'est pourquoi il leur a demandé de garder leur métier actuel tout en reprenant son hectare de vigne.
Il est fier d'avoir contribué à faire connaître le vin de Cilaos, l'un des rares produits en outre-mer. Christian a produit du vin toute sa carrière, et a transmis à ses enfants l'amour de ce métier. "C'est venu au fur et à mesure, ça fait 25 ans qu'ils sont dedans avec moi", explique-t-il. D'ailleurs, ils sont là pour lui donner un coup de main dès que le temps le leur permet, même s'ils habitent "dans les bas". "On parle du raisin avec eux, mais aussi de ses inconvénients : car aujourd'hui il fait beau, mais il y a 15 jours ça n'était pas la même chose", poursuit-il évoquant la mauvaise météo.
Faire avec les aléas climatiques
En effet, la période des vendanges à Cilaos coïncide avec celle des cyclones. "S'il y a du vent, il ne faut pas laisser le raisin sur le pied. Et les filets s'en vont et il faut les remettre", explique Christian Turpin. Mais il n'a d'autre choix que de faire avec ces aléas : "Quelle que soit la quantité obtenue pour l'année, on l'accepte".
Aussi, il s'agit de trouver la bonne qualité de raisin à cultiver. Christian Turpin lui, produit du Couderc depuis 1970, le plus adapté au climat réunionnais, mais s'est essayé a essayé aux cépages nobles précédemment.
15 000 bouteilles espérées cette année
Sa production, aussitôt récoltée, sera emmenée au chai de Cilaos, qui la transformera en vin. Cette année, ce sont environ 15 000 bouteilles qui sont espérées dans le cirque. Peut-être l'avenir du vin réunionnais se trouve-t-il du côté de l'ouest, où des cépages ont été plantés il y a deux ans par Olivier Cadarbacasse, déjà propriétaires de vignes à Bordeaux. S'ils ne donnent pas encore de raisin, tout est question de patience avant qu'en émerge un bon vin... à consommer toujours avec modération.