L’initiative de l’Union africaine d’organiser un voyage en Ukraine et en Russie pour lancer une médiation entre les présidents de ces deuix pays n’est pas un échec selon la chercheuse Liesl Louw, conseillère de l’ISS International Crisis Group, qui salue l’initiative.
Elle déplore, sur le site de RFI, que cette démarche ait été fragilisée : "Je pense que c'est un premier pas, mais on avait l'impression qu'il y avait certaines tensions au sein de cette délégation. Les présidents Macky Sall et Azali ont parlé de premier pas, de bonne volonté, alors que le président Ramaphosa a fait des déclarations sur la désescalade des deux côtés, ce qui a irrité Zelensky et certainement aussi Poutine. Donc, ils n'avaient pas le même discours. C'est une faiblesse".
Une démarche diversement appréciée
Cette tentative de médiation n’a pas fait l’unanimité en Afrique. Selon Marc Ona-Essangui, président de l’organisation Tournons la page internationale : "Les individualités qui se sont affichées en Ukraine et en Russie sont déjà positionnées sur le sujet. Les uns sont des amis de la Russie, les autres de l’Ukraine, et là ça fausse tout. Je pense que l’indifférence constatée auprès du président ukrainien vient du constat que je fais."
Pourtant, de retour aux Comores, le président de l’Union africaine et de l’archipel, Azali Assoumani, se voulait plus optimiste. La délégation, qu’il présidait, était composée des présidents Macky Sall (Sénégal), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Hakainde Hichilema (Zambie) et Moustafa Madbouli (Egypte).
En sortant de ces deux entrevues, le président restait confiant, écrit La Gazette des Comores : "Nous sommes convaincus que les discussions franches que nous avons eue constituent un grand pas vers plus d’engagement en faveur de la paix."
L’Afrique à Saint-Pétersbourg, fin juillet 2023
La délégation africaine, malgré les conflits d’intérêts divergents, a rappelé aux présidents russe et ukrainien les conséquences de ce conflit pour leur continent. Une crise alimentaire sans précédent s’étend du Nord au Sud.
En juillet 2023, les 54 chefs d’Etat africains doivent se rendre à Saint-Pétersbourg pour assister au sommet : Russie-Afrique. Combien de présidents viendront si ce conflit perdure et touche, indirectement, les populations de leurs pays.
Volodymyr Zelensky a placé, en préalable à l’engagement de négociations, le retrait de troupes russes de son pays. Cependant, les diplomates ne désespèrent pas de voir Vladimir Poutine infléchir sa position, d’ici le mois de juillet et le sommet de Saint-Pétersbourg : "Cette visite des présidents africains pourrait « forcer » Poutine à débloquer les ports maritimes ukrainiens pour relancer l’exportation de céréales et d’engrais vers l’Afrique", confie à RFI, Yuri Pyvovarov, ambassadeur d’Ukraine au Sénégal.
De son côté, Vladimir Poutine a salué cette démarche, note adiac-congo.com.