La réunion était prévue ce jeudi, mais c’est finalement ce vendredi 24 juin 2022 que les représentants de Tereos ont rencontré le préfet Jacques Billant, afin de faire avancer les négociations concernant la convention canne. Cette convention, renouvelée tous les quatre ans, fixe le prix d'achat de la canne aux agriculteurs.
Les précisions de Florent Thibault, directeur agricole de Tereos, à Réunion La 1ère :
Le directeur agricole de Tereos, après cette rencontre avec Jacques Billant, n’était pas forcément des plus rassurés devant une réponse de l'Etat qu’il a qualifiée d’”ambigüe”.
Pas de "filet de sécurité" contre la baisse du prix de la canne
Selon son résumé de la rencontre, l’Etat ne pourrait pas garantir de "filet de sécurité", soit une aide financière complémentaire, pour éviter une baisse du prix de la tonne de canne si jamais les conditions économiques devenaient défavorables.
Le préfet a l’air de dire qu’il n’y a pas de filet de sécurité qui sera mis en place, par contre qu’il est prêt à étudier un mécanisme qui ferait que si les conditions économiques étaient très défavorables, on pourrait intervenir pour éviter que l’indexation à la baisse du prix de la canne ne soit répercutée.
Florent Thibault, directeur agricole de Tereos
"Payer le juste prix de la valeur en sucre contenue dans les cannes"
Le directeur agricole de Tereos, rappelle que les chiffres de la filière ont déjà été présentés au préfet lors d’une réunion en juin 2021, et qu’une demande conjointe de 35 millions d’euros pour la filière avait été faite. “Là-dessus, 14 millions d’euros ont été donnés aux planteurs, et pour l’instant rien aux industriels”, rappelle-t-il.
Face aux revendications des planteurs, l’industriel défend sa position concernant la revalorisation du prix auquel la canne est achetée aux planteurs.
Le but de Tereos c’est de payer le juste prix de la valeur en sucre qui est contenue dans les cannes. (...) Quand il y a une quantité de sucre achetée dans le chargement, quel que soit le mode de coupe, on doit pouvoir payer le prix qui est sorti en sucre.
Florent Thibault, directeur agricole de Tereos
40,07 euros la tonne de canne
Alors que jeudi, le groupe Albioma, qui gère les centrales thermiques du Gol et de Bois Rouge, s’est dit prêt à investir dans la filière canne, Florent Thibault justifie de son côté que le prix de la bagasse revendue à Albioma est “totalement compensé par les aides de l’Etat”, le prix d'achat de l’électricité étant réglementé.
Les planteurs de canne demandent une renégociation de la convention canne, et plus particulièrement une revalorisation du prix de la tonne, qui selon eux, n’a pas bougé depuis 40 ans. A ce propos, Tereos précise que le prix de référence de la canne a progressé, aujourd'hui à "40.07 euros contre 39.09 euros il y a trois ans".
Toujours pas de signature de la convention en vue
Mercredi, les agriculteurs avaient été reçus par le préfet. Jacques Billant a tenu à les rassurer : il sera désormais l’arbitre des négociations, afin qu’un accord puisse être trouvé avant le début de la campagne sucrière, dans une dizaine de jours. La prochaine réunion doit avoir lieu en début de semaine prochaine en préfecture.
Mais alors, quand sera signée la convention canne ? “Elle sera signée à un moment donné, avant le démarrage de la campagne, c’est sûr”, affirme pour sa part Florent Thibault.
Ce que je veux dire aux planteurs c’est qu’on comprend bien qu’il va falloir augmenter les revenus, mais moi ce que je veux, c’est pouvoir être sûr quand je signe une convention, de pouvoir la tenir jusqu’à la fin. Je ne veux pas mentir en signant quelque chose que je sais ne pas être réalisable. Il faut absolument que des mécanismes soient mis en place pour que le prix de la tonne de canne ne puisse pas tomber si jamais les conditions économiques sont très défavorables.
Florent Thibault, directeur agricole de Tereos
Une forte mobilisation des planteurs cette semaine
Depuis cette semaine, les planteurs ont intensifié leur mobilisation, avec notamment une opération-escargot mardi, et une manifestation devant les centrales thermiques du Gol et de Bois Rouge jeudi. Ils ont pu rencontrer la direction d’Albioma, afin de discuter une éventuelle revalorisation du prix de la tonne de bagasse, qui alimente la centrale pour la production d’électricité en période de campagne sucrière.