Couvre-feu pour le réveillon du Nouvel An : plusieurs élus montent au créneau

Plusieurs élus font part de leur désaccord suite à la décision du préfet Jacques Billant d’instaurer un couvre-feu en deux étapes de 22h à 1h, puis de 1h à 5h, pour cette nuit de la Saint-Sylvestre. Une mesure prise en amont, en Conseil de défense à Paris, et "sans aucun préavis"

L’annonce faite le mercredi 30 décembre par la préfecture de la mise en place d’un couvre-feu dans l’île pour cette soirée de la Saint-Sylvestre est loin de faire l’unanimité au sein de classe politique locale.

La maire de Saint-Denis Ericka Bareigts a été l’une des premières à réagir ce jeudi 31 décembre en demandant au ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu de suspendre le couvre-feu décidé par Jacques Billant.

Une décision prise depuis Paris

L’élue dionysienne dit regretter que cette décision "prise depuis Paris de manière unilatérale" ait été faite sans préavis d’autant que la situation sanitaire dans l’île semble stabilisée.

Couvre-feu itw Ericka Bareigts

"Je ne suis pas une caisse enregistreuses des décisions parisiennes", martèle Ericka Bareigts ce jeudi au micro de Réunion La 1ère. 

Le député Jean-Hugues Ratenon réagit lui aussi aujourd’hui : "Le couvre-feu tel que annoncé, tel que présenté, tel que proposé est une aberration. Cette méthode est totalement indigne d'une démocratie", indique-t-il sans davantage d’explications sur sa page Facebook.

L'étonnement de Vanessa Miranville

Contactée par téléphone par Réunion La 1ère, Vanessa Miranville confie pour sa part "être très étonnée" par la mise en place de cette mesure. "La situation sanitaire n’est pas du tout celle de la métropole donc je ne suis pas vraiment convaincue qu’on ait besoin d’un couvre-feu", estime également la maire de La Possession.

Celle-ci revient sur la visio-conférence qui a réuni les maires de l’île et le préfet hier, mercredi 30 décembre. "Le préfet a évoqué l’aspect sécuritaire et la volonté de limiter le risque d’accident ou de feux de poubelle et de voitures mais la réponse me semble un peu disproportionnée", développe l’élue.

La maire possessionnaise fait part de sa crainte que cette décision "ne mette encore un peu plus à mal l’économie locale". Et en particulier le secteur de la restauration. "Savoir que passé minuit, on a trente minutes top chrono pour rentrer chez moi, j’ai peur que ça ne conduise à des annulations dans les restaurants", conclut-elle.

Olivier Hoarau pour un report du couvre-feu à 3h

Le maire du Port Olivier Hoarau confie, lui, être "désagréablement surpris par la décision d’un couvre-feu décidé 24H avant le Nouvel an". L’élu défend avoir toujours prôné une "gestion de crise de façon différenciée d’avec celle de l’Hexagone".

Mais, estime-t-il, "il apparaît inutile et vain à quelques heures de cette soirée de tenter de faire infléchir Paris sur la non-application totale du couvre-feu", d’où sa demande faite au préfet et au président de l’association des maires Serge Hoareau de "défendre auprès du gouvernement le report du couvre-feu à 3h du matin". Ce qui serait un moindre mal à ses yeux.

Certains élus malgré tout favorables au couvre-feu

Des positions qui tranchent avec celle tenue par Serge Hoareau, le président de l’Association des maires de La Réunion et par ailleurs maire de Petite-Île. Celui-ci confirme que c’est lors de la réunion hebdomadaire qui s’est tenue le mercredi 30 décembre à 15h que les maires de La Réunion ont été informés de la décision du Préfet d’instaurer ce couvre-feu.

"Cette décision découle du Conseil de défense qui s’est tenu à Paris mardi. Elle fait suite à un échange entre le Ministère des Outre-mer et le Préfet, représentant de l’État à La Réunion", résume Serge Hoareau.

Le président de l’AMDR indique encore que lors de cette séance, les maires de l’île ont fait part de leurs réserves au préfet Jacques Billant sur la première étape du confinement, de 22h à 1h du matin. Une mesure qui "n’avait pas lieu d’être" et qui "serait incomprise par la population réunionnaise".

Serge Hoareau indique encore qu’une partie des maires est bien favorable à ce couvre-feu. "Notre proposition de retenir la deuxième étape, c’est-à-dire un couvre-feu de 1h à 5h a du sens, défend-il. Afin de permettre aux personnes qui ont décidé de réveillonner dans les restaurants ou encore à leur domicile de le faire en toute sérénité, comme il avait été convenu lors de nos réunions précédentes".