Covid-19 : ce que l’on sait du variant réunionnais identifié par les chercheurs du Pimit

Sur ce document des chercheurs du Pimiton voit que le variant réunionnais (à droite, en orange) circule beaucoup moins que le variant sud-africain (en bas à gauche, en rouge) ou le variant européen (en haut à gauche, en vert)

Que sait-on du variant réunionnais identifié par les chercheurs de l’unité UMR Pimit de l’Université de La Réunion ? Plus de 70 cas de cette souche péï ont été confirmés depuis le mois de janvier dernier. Plongée dans le monde du séquençage made in Réunion.

La Réunion a donc sa propre souche "endémique" du SARS-CoV-2… Baptisé "B1 622", ce variant réunionnais a été identifié par l’équipe du docteur Patrick Mavingui dans leur laboratoire de l’unité Pimit, installé dans les locaux du CYROI. Ces chercheurs de l’Université de La Réunion sont chargés depuis le début de cette année du séquençage des souches virales du covid-19.

Depuis les mois de janvier et de février dernier, les autorités sanitaires ont confié aux scientifiques  de cette unité spécialisée dans les Processus infectieux en milieu insulaire Tropical (Pimit) la mission d’analyser à l’échelle moléculaire les génomes du SARS-CoV-2 circulant à La Réunion, à partir des échantillons de prélèvements provenant des centres hospitaliers et laboratoires privés de l’île.

Le Docteur Patrick Mavingui dirige l'unité UMR Pimit de l'Université de La Réunion, dont les laboratoires sont installés dans les locaux du Cyroi

Des "séquences" ne ressemblant à aucune autre

Et dès le début, nous explique Patrick Mavingui, ce mystérieux variant qui n’était pas encore classifié a interpelé les chercheurs. "On a vu apparaitre les variants classiques, que ce soit le variant européen, le sud-africain ou encore le britannique et on avait quelques séquences très particulières qui ne ressemblaient pas aux autres…"

Le Dr Mavingui et ses scientifiques se sont alors demandés pourquoi il n’y avait pas de séquences similaires dans les banques de données internationales. C’est en continuant leur travail de séquençage qu’ils se sont rendus compte que la même séquence revenait relativement régulièrement, aux côtés du variant sud-africain, majoritaire, et des autres variants européens, britanniques et dans une moindre mesure anglais.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Les mutations du variant réunionnais sont suivies avec attention par les chercheurs universitaires du PIMIT

Enregistré dans les bases de données internationales

"Cette souche n’existe pas ailleurs, il y a plus d’une dizaine de mutations qui n’existent que pour lui". Voilà comment a été identifié le B1 622. "Pour définir un variant, il faut un ordre de séquences donné et une présence donnée dans le temps et continuer à avoir cette spécificité", précise le Dr Mavingui.

"C’est à partir de ce moment qu’on a déposé dans les bases de données internationales ce que l’on a fini par par caractériser que c’était ce variant réunionnais puisqu’il ne circule qu’à La Réunion à l’heure actuelle".

Les explications également du docteur François Ronco, médecin généraliste :

itw du docteur Ronco sur le variant réunionnais

Aussi présent que le variant britannique

Plus de 70 cas ont été confirmés depuis le début de l’année. Il n’est pas plus transmissible par exemple que le variant sud-africain qui concerne 60 à 70 % de cas, à La Réunion. Le variant réunionnais est aussi présent dans l’île que le variant britannique, et derrière notamment le variant européen.

C’est un virus qui se maintient. Mais au niveau des cas sévères hospitalisés au CHU, un seul patient  en était porteur. Ce patient a fini par être guéri mais la sévérité de ses symptômes semble davantage liée aux pathologies de comorbidités qu’il présentait.

Séquençage des souches virales du covid-19 par les chercheurs du Pimit, dans les locaux du Cyroi, à La Réunion

Un variant gentil... pour l'instant ?

Les chercheurs du Pimit estiment ainsi qu’il est moins dangereux et moins virulent que les autres variants que l’on connait : "Il y a une seule mutation de transmission et non plusieurs mutations qui contournent l’immunité. On peut donc considérer que c’est un variant gentil. Mais il faut continuer à le suivre parce qu’il peut acquérir des mutations plus virulentes ou transmissibles. C’est pour ça qu’on va continuer à séquencer".

Les scientifiques indiquent qu’ils étudient les interactions entre le virus et les cellules pouvant  démontrer des  potentialités qui pourraient un jour donner à ce variant une capacité de transmission plus forte, voire induire plus de sévérités dans la pathologie.

C'est grâce à cet appareil que le séquençage des souches virales du covid-19 est possible dans les laboratoires du Pimit, au Cyroi, à La Réunion