Les dégâts occasionnés par le cyclone Belal puis les intempéries qui ont suivi sont nombreux, au regard des vents forts et inondations subies sur toutes les régions de l'île. La semaine dernière, France Assureurs estimait à 100 millions d'euros les dommages à La Réunion.
Pour autant, tous ceux qui ont essuyé les conséquences de cet épisode climatique ne sont pas assurés.
Une nécessité
Pour Georges-Marie, à Saint-André, assurer sa maison de Champ Borne qui s'est défraîchie au fil des années, n'est pas nécessaire selon lui. L'habitation n'a de toute façon jamais été assurée, confie-t-il, même lorsque c'était la case de sa mère, décédée depuis.
Pourtant, en cas d'incendie, de cyclone, ou même de vol, être assuré peut se réveler bien utile. Mais Georges-Marie n'est pas le seul dans ce cas.
30 à 35% de propriétaires non-assurés
"On a estimé de 30 à 35% la proportion de non-assurés chez les propriétaires de biens immobiliers à La Réunion, ce qui pose un problème considérable pour eux", explique James Huet du comité des assureurs Réunion-Mayotte.
Or, "être assuré c'est se donner la possibilité de remettre en état son bien suite à un vol, un incendie, un cyclone", tient-il à souligner.
"C'est un fléau de se dire qu'à La Réunion nous avons plus d'un tiers de la population qui est non-assurée. Etre assuré, c'est se donner la possibilité de faire payer un assureur à sa place lors de la mise en jeu de sa responsabilité"
James Huet, comité des assureurs Réunion-Mayotte
Chez les locataires, si une attestation d'assurance incendie-dégâts des eaux, et donc l'assurance tempête qui va avec, est exigée pour le dossier de bail, elle n'est bien souvent plus réclamée au fil des années.
Aussi des non-assurés chez les conducteurs
Pour les voitures, la proportions de non-assurés serait plus faible, en raison des contrôles fréquents réalisés par les autorités. Assurer sa voiture est en effet une obligation. 10% des conducteurs y manqueraient pourtant. "C'est encore beaucoup de non-assurés, qui se privent d'être pris en charge dans le cadre d'un accident causé au tiers", considère James Huet.
"Les conséquences d'un accident sont dramatiques, vous pouvez payer à vie les dommages causés aux autres".
James Huet, comité des assureurs Réunion-Mayotte
Une dette transmissible
Mais à quoi sert alors le Fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO), qui indemnise les victimes d'accident de la circulation si le responsable n'est pas assuré ? Selon James Huet, ce fonds de garantie n'est pas valable lorsque le conducteur est auteur de l'accident. Il se retourne alors contre lui, et "la dette est transmissible, vos enfants pourront payer vos dommages" prévient l'assureur.
Pas d'indemnisation
Pour James Huet, le constat est simple : pas d'assurance, pas d'indemnisation. Et le fonds d'indemnisation débloqué en cas d'état de catastrophe naturelle comme c'est le cas après le passage de Belal ne pourra rien y faire. "Il ne faut pas croire que l'Etat va venir en aide aux non-assurés. L'Etat met en place un fonds d'indemnisation mais dont les sommes allouées nous échappent totalement. C'est plus de la solidarité", considère-t-il.
"La personne qui n'est pas assurée se prive d'une indemnisation, elle ne peut prétendre à aucune ressource de qui que ce soit hormis l'aide qu'on pourrait obtenir via des fonds de solidarité".
James Huet, comité des assureurs Réunion-Mayotte
Considéré comme trop cher
Quant à Georges-Marie, le Saint-André non-assuré à Champ-Borne, il justifie le manque de moyens pour souscrire à un contrat d'assurance habitation. "Quand mi gagne mon salaire 500 euros le mois, faut mi mange, mi paye mon l'eau, mon l'électricité, avec quoi mi sa paye l'assurance ? C'est trop cher", souffle-t-il.
Des prix raisonnables pour le contrat de base
Le membre du comité des assureurs lui, tient à le contredire. "On a l'impression que c'est hors de prix mais non, pas du tout. Pour la garantie de base, incendie, dégâts des eaux, responsabilité civile, vous en avez pour 10 euros par mois", avance-t-il. Une somme qui évidemment peut aller bien au-delà, selon qu'on soit locataire ou propriétaire, d'un studio ou d'une villa F5 avec piscine... "Notre objectif c'est de faire en sorte que nous puissions proposer une gamme de produits adaptés à la population à des prix abordables", défend James Huet.
"Souvent on se dit que s'il y a deux feuilles de tôle qui s'envolent on pourra réparer, on se dit que ça n'arrive qu'aux autres. On oublie qu'il y a le risque incendie qui est aussi pris en compte : si ma maison prend feu et que l'incendie se répand aux autres maisons, je serai responsable. Et là on parle de centaines de milliers voire des millions d'euros. Si je peux m'appuyer sur quelqu'un pour prendre en charge mon sinistre, il faut le faire".
James Huet, comité des assureurs Réunion-Mayotte