Cyclone Belal : les agriculteurs réunionnais craignent un bilan catastrophique

Belal n'a pas épargné l'agriculture péi.
L'alerte rouge n'est pas encore levée que les syndicats agricoles craignent le pire pour les cultures et élevages de l'île. Selon les premières remontées, aucune zone de l'île n'a été épargnée par le passage du cyclone Belal sur La Réunion, apportant vents violents et pluies torrentielles.

Les agriculteurs réunionnais sont inquiets. La force des rafales de vent occasionnées par le passage de Belal, à plus de 200km/h sur les régions les plus exposées au plus fort du cyclone, ainsi que les pluies torrentielles augurent pour eux de bien mauvaises nouvelles. 

L'alerte rouge n'étant pas encore levée, une grande partie des planteurs, éleveurs, et autres agriculteurs de l'île n'a pas encore pu constater les dégâts sur les exploitations. 

La Chambre d'Agriculture sur le terrain dès la levée de l'alerte

Frédéric Vienne, le président de la Chambre d'Agriculture de La Réunion, est préoccupé. Il y a urgence à agir dès la levée de l'alerte rouge, signifie-t-il. 

"La Chambre sera sur le terrain dès la levée de l'alerte", dit-il. Car son rôle, poursuit-il, sera d'aller au plus vite dans les exploitations pour évaluer les dégâts et établir un diagnostic, estimer des montants de pertes, pour pouvoir présenter un dossier aux différents ministères. 

"Aucun endroit n'a été épargné" 

Des remontées effectuées par différents agriculteurs, c'est toute l'île qui a été durement impactée par le passage du cyclone tropical Belal. "Aucun endroit de l'île n'a été épargné", se désole Frédéric Vienne, qui établit d'ores et déjà que les pertes sont quasi-totales en ce qui concerne les productions maraîchères.

Hormis les quelques agriculteurs qui ont pu installer dernièrement des serres anti-cycloniques, tous les autres, qui cultivent sous serres classiques ou plein champ, feraient face à des pertes majeures, anticipe-t-il. 

"De chez moi, je vois les bananeraies couchées, même les champs de canne ont subi des gros dégâts. (...) C'est un coup de grâce pour beaucoup d'agriculteurs qui connaissaient des difficultés"

Frédéric Vienne, président de la Chambre d'Agriculture de La Réunion

"Toutes les plantations sont anéanties"

Jean-Michel Moutama, le président de la CGPER (Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion) se désole lui aussi de la situation, qu'il craint catastrophique au vu des vents qui ont déferlé. Dans ses champs à Saint-Pierre, "toutes les plantations sont anéanties, les serres, les bananes, les mangues, et même les cannes... Toutes les filières ont été touchées", dit-il, interrogé sur Réunion La 1ère radio ce mardi matin.

"Tout recommencer"

C'est une certitude, les cultures végétales ont subi de plein fouet le passage de Belal, dit-il. En prévision des forts vents annoncés, "beaucoup de maraîchers ont débâché leurs serres", explique Jean-Michel Moutama. Alors ce matin, "les plantations sont fichues, il faut tout recommencer". 

"Les structures ont dans leur globalité résisté, mais les plantations sont fichues, il faut tout recommencer"

Jean-Michel Moutama, président de CGPER

Inquiétudes autour de la filière laitière

Les cultures maraîchères et fruitières ne sont pas les seules à avoir été touchées. Jean-Michel Moutama est particulièrement préoccupé par les filières élevage et laitière, dont les animaux n'ont pu recevoir de soins depuis le passage en alerte rouge dimanche soir. 

Animaux livrés à eux-mêmes pendant l'alerte rouge

Il pense aux éleveurs de vaches allaitantes en prairie, qui n'ont ni hangar ni bâtiment. Une préoccupation également pour le président de la Chambre d'Agriculture Frédéric Vienne, soulignant que dans les hauts du Tampon par exemple, les éleveurs ont une "centaine d'animaux dans les pâturages, livrés à eux-mêmes", qui ont dû subir le passage de Belal sans protection aucune. Or, c'est dans les hauts que les vents se sont faits les plus violents.  

"Ca fait 36 heures qu'ils n'ont pas vu leurs bêtes, dans quel état vont-ils trouver leurs cheptels à la levée de l'alerte ?" 

Jean-Michel Moutama, président de la CGPER

Pas de traite depuis dimanche

D'autant que, dans les filières laitières, il est d'usage de traire les vaches deux fois par jour, notamment pour éviter les risques de mammite, inflammation des pis de l'animal. "Beaucoup de problèmes vont suivre par rapport à cette situation", anticipe le président de la CGPER.

Un soutien de l'Etat très attendu

Il attend beaucoup de la visite du ministre de l'Intérieur et des Outre-mers, Gérald Darmanin, attendu à La Réunion demain mercredi. 

"C'est évident au vu des conséquences qu'on a aujourd'hui. Il n'y a pas photo, il faut absolument que l'état de calamité agricole soit déclaré à La Réunion dans sa globalité, pour que les démarches administratives puissent être mises en route. On attend beaucoup de l'Etat, parce qu'il n'y aura plus de revenus sur les exploitations, comment payer nos salariés, nos charges sociales ?" 

Jean-Michel Moutama, président de la CGPER 

Ce soutien de l'Etat est également appelé de tous ses voeux pour le président de la Chambre d'Agriculture Frédéric Vienne.

"J'espère que le ministre viendra avec un arrêté de catastrophe naturelle et de calamité agricole [...] pour les 24 communes du département. C'est la demande que nous avons faite et que nous en manquerons pas de transmettre au ministre"

Frédéric Vienne, président de la Chambre d'Agriculture de La Réunion

La FDSEA elle aussi très inquiète, fait état de nombreux dégâts "sur l’ensemble de l’île et tous secteurs agricoles confondus : cultures sous-serre, élevages, maraîchages et cultures pleins champs, bananeraies, vergers, apiculture, etc".