C'est une visite au pas de charge que mène lundi 30 décembre le Premier ministre François Bayrou à Mayotte, afin de rencontrer la population et mesurer les résultats des actions menées par l'Etat dans la gestion de la crise post-Chido.
Accompagné de plusieurs ministres, le chef du gouvernement nommé le 13 décembre, la veille du passage du cyclone, s'est rendu ce matin dans l'usine de dessalement de Petite Terre endommagée par le cyclone, puis dans le collège de Kawéni 2 à Mamoudzou où il a échangé avec le personnel de l'établissement.
"Un tel hôpital en 72 heures, c'est un exploit"
Il s'est ensuite rendu à l'hôpital de campagne établi à Cavani, où il a répondu aux questions des journalistes présents sous les caméras de Mayotte la 1ère. Interrogé sur le supposé retard dans l'installation de cet hôpital provisoire, alors que le centre hospitalier de Mayotte ne fonctionne qu'à 60 %, le Premier ministre a déclaré que "monter un tel hôpital en 72 heures, c'est un exploit", avant de saluer le travail des soignants mobilisés. "Il (l'hôpital, NDLR) est prévu pour cent personnes par jour, et il en accueille 300 par jour."
"Très grande prudence" sur le bilan humain
Questionné ensuite sur le bilan humain du cyclone Chido, le chef du gouvernement a confirmé ses récents propos tendant à qualifier de "rumeurs" la thèse de milliers de morts ensevelis sous les décombres. À ce jour, le bilan officiel provisoire fait état de 39 morts et 4 000 blessés environs.
"Il faut en parler avec une très grande prudence. Les rumeurs de milliers de morts ne sont pas fondées. Quelques dizaines ou centaines, ce sera dans cette zone-là. On rencontre les cadis, avoir où il y a eu des cérémonies religieuses" a-t-il développé, avant d'assurer : "Je n'ai pas renoncé à dresser un bilan définitif. Nous ne renonçons à rien."
"Personne ne peut penser à revenir comme avant"
Puis le Premier ministre est revenu sur les temps forts de la réponse de l'Etat au drame qui a touché Mayotte. "Un : l'urgence ; deux : la reconstruction, trois ; penser le Mayotte du futur. Personne ne peut penser à revenir comme avant" a souligné François Bayrou.
"Le travail que les services de l'Etat assurent est immense, mais au bout de ce travail il y a la reconstruction."
Questionné sur le délai de deux ans pour reconstruire, François Bayrou répond : "Je pense que c'est un objectif à fixer, si nous prenons toutes les décisions nécessaires. Ceux qui n'y croient pas sont ceux qui baissent les bras, comme c'était le cas pour Notre-Dame", a-t-il argumenté.
"On n'est là pour s'arrêter à ce qui paraît possible. C'est tellement énorme, tellement grave, tellement déstabilisant, il y a tellement de problèmes à traiter en même temps. C'est un défi qui mérite d'être relevé. C'est notre responsabilité."
François Bayrou, Premier ministre
Le chef du gouvernement annoncera ce soir les contours de son plan pour la reconstruction nommé "Mayotte Debout". Un plan "qui peut être amélioré. Il n'y a pas de décision définitive, il faut à tout instant se laisser inspirer par les gens de terrain. Aujourd'hui, je découvre encore des problèmes qui seront dans le plan" a expliqué le Premier ministre, avant un dernier mot sur la question cruciale de l'immigration.
Immigration : "ne rien laisser sous le tapis"
"Quiconque prétend qu'il n'y a pas de problème d'immigration serait irresponsable. La population est bouleversée, en révolte. Notre devoir, c'est de poser la question et tenter d'apporter des réponses. Ce sera au parlement de faire des propositions, on discutera avec toutes les forces politiques" Et François Bayrou d'estimer qu'il faut "ne rien laisser sous le tapis, ou sinon les sujets s'infectent, au sens médical du terme."
Attendue cet après-midi au rectorat de Mayotte pour une série de réunions, la délégation interministérielle rencontrera ensuite les élus locaux réunis au Conseil départemental avant que François Bayrou ne dévoile les contours du plan "Mayotte Debout."