Cyclone Garance : normes et réglementation, les constructions et les constructeurs face au risque cyclonique à La Réunion

La maison de la famille Clain, à Bourbier-les-Hauts, est à reconstruire. Le toit s'est envolé lors du passage du cyclone Garance.
La réglementation et les normes relatives aux constructions et aux matériaux sont-elles suffisantes pour faire face à des catastrophes naturelles, telles que le cyclone Garance. Réunion la 1ère revient sur cet épisode cyclonique intense et ouvre le débat, ce jeudi 20 mars.

Le 28 février dernier, le cyclone Garance touchait La Réunion. Le mur de l’œil a frappé de plein fouet l’ile, au matin vers 9h. Les régions Est et Nord ont été les plus impactées par les vents cycloniques, avec des rafales enregistrées à plus 230 km/h par endroits.

Après les vents cycloniques, se sont abattues des pluies diluviennes. Des ravines sont débordées, certaines rivières ont connu des crues centennales, comme la Rivière Saint-Denis, l’eau est montée ça et là, provoquant des inondations encore jamais vues.

 Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Après le cyclone Garance, des questions se posent sur l’état du bâti à La Réunion. Des maisons et immeubles ont été considérablement endommagés

5 morts, 50 000 sinistrés et des dégâts colossaux

Maisons détruites, inondées, toits arrachés, baies vitrées cassées, voitures emportées ou noyées, les dégâts sont colossaux. Les réseaux électriques, d’eau potable et de téléphonie mobile n’ont pas été épargnés. La Réunion compte près de 50 000 sinistrés, ainsi que de nombreuses entreprises, exploitations agricoles et infrastructures endommagées. Cinq personnes ont perdu la vie.

Ce jeudi 20 mars, 20 jours après le passage du cyclone Garance, Réunion la 1ère vous propose de revenir sur cet événement marquant. Phénomène climatique intense, politique de prévention des risques, réglementation de la construction, normes des matériaux, Gaëlle Malet et Jean-Marc Collienne poseront la question aux invités de Sobatkoz à 20h30.

Garance n’est pas le premier cyclone auquel les Réunionnais ont eu à faire face. Ses conséquences sont connues, mais leur ampleur et leur nature interrogent. Réglementation et normes de construction sont-elles adaptées à l’enjeu ?

 

Des normes CE et NF pour les matériaux

Avec des vents de plus de 230 km/h, les portes, fenêtres et baies vitres de certaines habitations n’ont pas résistées aux turbulences et à la pression. Pourtant, elles répondaient aux normes en vigueur et avaient subi les contrôles nécessaires.

Il y a un laboratoire à La Réunion qui teste les matériaux, basé sur Saint-André. Donc normalement, tous les matériaux sont censés résister à des vents cycloniques de près de 250 km/h.

Radja Mardaye, secrétaire général du groupe Ravate

  

La pause des huisseries, leur orientation ou encore leur protection est aussi à prendre en compte.

Ce qu’il aurait fallu faire, c’est soit mettre des volets, soit renforcer les fenêtres., en mettant par exemple une planche à l’intérieur pour éviter que la fenêtre s’ouvre brutalement. Ça assure déjà une première protection.

Marc Jolly, expert en prévention des risques

 

Quid du respect de la réglementation en matière de construction ? 

Mais pour certains propriétaires, les matériaux ne sont pas toujours à incriminer. A la Cité Cardinal, dans le quartier de Bourbier-les-Hauts, à Saint-Benoît, les toits de 11 maisons se sont envolés. Des constructions livrées il y a 3 ans. Les tôles sont intactes, les habitants parlent de "« défauts de construction ".

On voit bien que ce sont les charpentes qui sont parties sur les bâtiments, et non pas les tôles. Je suis à la fois en colère, triste, désolée, mais très en colère contre les constructeurs. J4ai fait confiance au constructeur et voilà ce qu’il en est aujourd’hui.

Marie-Pierre Hoaraeu, sinistré de Bourbier-les-Hauts, à Saint-Benoît

  

Des contrôles essentiels, mais pas systématiques

Des contrôles sur les constructions neuves peuvent être réalisés, mais par des entreprises spécialisées, et occasionnant des frais supplémentaires. Pour les toits perdus, bien souvent, le système d’ancrage n’aurait pas été respecté.

Il faut avoir les bons systèmes d’ancrage, les bonnes méthodes d’ancrage, donc il y a des vis spéciales, il y a des systèmes spéciaux à fixer, à intégrer directement dans la structure de la maison pour que la charpente elle tienne.

Radja Mardaye, secrétaire général du groupe Ravate

  

Une charpente n’est en effet pas juste posée sur un socle, insiste-t-il.

Ce qui s’est passé aujourd’hui, tout s’est envolé parce que c’était juste posé, avec des clous et des vis pas de longueur suffisante.

Radja Mardaye, secrétaire général du groupe Ravate

 

Faire appel aux entrepreneurs qualifiés

Les matériaux vendus dans le département répondent aux normes CE et NF. Les entrepreneurs ont accès à des formations tant pour les métiers de la construction, que pour l’utilisation des matériaux.

Quand un entrepreneur s’inscrit au fichier INPI, la chambre des métiers et de l’artisanat contrôle la qualification de se salariés, mais son rôle s’arrête là, indique Dominique Picardo, le président de la chambre.  

Les entrepreneurs peuvent se faire accompagner par des bureaux d’études ou des architectes dans le suivi des chantiers, souligne Radja Mardaye.

 

La certification pour seule garantie

Reste que les prix pratiqués par les professionnels sont élevés, ce qui peut avoir pour effet de favoriser l’implantation d’une activité plus informelle. Les normes CE et NF ne sont alors pas garantie.

Sans certification ni respect des normes, le risque est important. La garantie décennale et dommage ouvrage n’et alors pas possible.