Chikungunya : deux décès confirmés à La Réunion, l’épidémie s’intensifie

L'épidémie de chikungunya progresse à La Réunion.
Deux personnes sont décédées du chikungunya à La Réunion, annoncent la préfecture et l’Agence Régionale de Santé, ce vendredi 21 mars. Ces deux décès de patients âgés de 86 et 96 ans ont eu lieu la semaine dernière. L’épidémie s’intensifie dans l’île, avec près de 3000 cas identifiés en une semaine.

Deux personnes de 86 et 96 ans sont décédées du chikungunya à La Réunion, la semaine dernière, annoncent la préfecture et l’Agence Régionale de Santé, ce vendredi 21 mars. L’une d’elle présentait des comorbidités.

"L’attribution de la cause des décès au chikungunya fait l’objet d’une analyse au sein d’une commission d’investigation, associant le médecin traitant, des infectiologues du CHU et de Santé Publique France, détaillent les autorités dans un communiqué. Ce nécessaire recours à plusieurs experts explique les délais entre le décès, l’imputabilité au chikungunya et sa déclaration par les autorités sanitaires".

L’épidémie s’intensifie après les pluies

Depuis août 2024, plus de 8 500 cas de chikungunya ont été recensés et 24 personnes ont été hospitalisées, dont trois cas sévères. Mais ces dernières semaines, après les fortes pluies qui se sont abattues sur l’île, l’épidémie s’est intensifiée. Le Sud reste le plus touché, mais l'épidémie s’étend désormais à tout le territoire. Près de 3 000 cas ont été recensés en une semaine.

Le 14 mars dernier, le préfet avait déclenché le niveau 4 du plan ORSEC, correspondant à une "épidémie de moyenne intensité".

Un pic épidémique plus tôt que prévu

"Nous avions annoncé un pic épidémique pour le mois de mai, mais au regard des derniers chiffres et de l’accélération, il est possible qu’il arrive plutôt au mois d’avril", expliquait le professeur Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l'ARS, jeudi soir sur Réunion La 1ère.

"D’ici la fin de la semaine, on sera à plus de 10 000 cas confirmés, et c’est surement bien plus car tous les médecins ne prescrivent pas de bilan sanguin, ajoute-t-il. Actuellement, plus aucune commune n’est épargnée par la maladie et de plus en plus de personnes consultent pour des douleurs et symptômes qui ressemblent au chikungunya".

Regardez son interview de Réunion La 1ère :

Deux personnes sont décédées du chikungunya à La Réunion. Interview de Xavier Deparis de l’ARS

Se protéger

Les autorités appellent donc la population "à mettre en œuvre les mesures de prévention efficaces". Parmi ces mesures : "éliminer tout ce qui peut contenir de l’eau autour de son domicile, se protéger des piqûres de moustiques et continuer à se protéger, même malade, et consulter un médecin en cas de symptômes".

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Deux personnes sont décédées du chikungunya à La Réunion la semaine dernière. L’épidémie s’intensifie avec bientôt plus de 10 000 cas identifiés ©Réunion la 1ère

La lutte anti-vectorielle mieux ciblée

L’ARS souligne que "150 agents de lutte anti-vectorielle, complétés des effectifs des communes, sont mobilisés au quotidien pour mener des interventions de démoustication, indispensables contre la prolifération de moustiques".

Chaque jour, près de 700 visites à domicile et 400 traitements insecticides sont réalisés. La priorité est donnée aux interventions ciblées autour des cas isolés, pour évite que de nouveaux foyers ne se forment. Il s’agit ainsi d’éliminer les gîtes larvaires pour réduire le risque de transmission.

"Nous n’avons plus les moyens d’intervenir partout, donc on intervient prioritairement sur les zones où il y a des cas isolés qui peuvent devenir des débuts de foyers", explique le professeur Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l'ARS, sur Réunion La 1ère. 

On sait que nos moyens ne sont pas suffisants, mais la lutte antivectorielle permet déjà de ralentir l’épidémie. Ensuite, chacun est responsable dans sa maison, dans sa cour, de l'élimination des gites larvaires et des moustiques qui propagent la maladie.

Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l'ARS

L'accès à la vaccination s'organise

Les autorités rappellent que "la Haute Autorité de Santé recommande l’utilisation du vaccin Ixchiq, en priorité pour les personnes à risque de forme grave, n’ayant jamais eu d’infection au chikungunya : les personnes âgées de plus de 65 ans, celles ayant des comorbidités et les personnes de plus de 18 ans avec comorbidités".

L’ARS La Réunion travaille à organiser l’accès à la vaccination des personnes prioritaires, dès le début du mois d’avril. Près de 40 000 doses de vaccins doivent arriver prochainement à La Réunion. "Elles seront en priorité pour les personnes âgées de plus de 65 ans, et présentants des commorbidités, explique Xavier Deparis. Pour ces personnes, la vaccination sera gratuite. En revanche, pour les autres publics, il faudra compter entre 150 et 190 euros la dose de vaccin en pharmacie".