Il est 20h, ce mardi 28 janvier à Saint-Denis. Opération peu habituelle sous le regard des habitants de Sainte-Clotilde. Cinquante agents de la police nationale renforcés par les effectifs de la police municipale, accompagnés de chiens spécialisés dans la recherche de stupéfiants ratissent le quartier de la rocade au Moufia. Un secteur où les habitants côtoient violence et dégradation.
Cela fait trente-trois ans que Suzette vit ici, elle va travailler la peur au ventre depuis quelques années. "Le quartier est dégradé, dégradé. On vit avec la crainte, la peur. Ou sort ou koné pa kan ou revyin si out kaz lé rouver, si lé pa kasé."
Un front commun entre l'Etat, la justice et les collectivités
Aux côtés des forces de l'ordre pour cette opération exceptionnelle, le préfet, la maire de Saint-Denis et la procureure de la République de Saint-Denis. L'État, la justice et les collectivités font front commun pour lutter contre ces phénomènes de bandes.
"On travaille en partenariat sur le continuum de sécurité. On a également des enquêtes judiciaires sur ces phénomènes de bande. On a eu beaucoup d'interpellations où les gens sont placés en garde à vue après avoir commis des faits graves. Des attroupements armés, de la violence avec des armes par destination ou des armes tout court" précise Laurent Chavanne, directeur territorial de la police nationale.
Des actions conjointes essentielles pour le préfet, pour lutter contre cette délinquance grandissante.
L'État avec l'aide la justice, des collectivités va mener un combat contre le phénomène des bandes qui est relativement nouveau à La Réunion. Je souhaite que l'on change de braquet contre ce phénomène de bande qui pourrit la vie des habitants des quartiers concernés [...] Il faut que l'on s'y attaque avec force
Patrice Latron - préfet de La Réunion
Le reportage de Réunion La 1ère :
Contrôles accrus des allocations familiales
Un plan d'action conjoint contre ces phénomènes de bandes a donc été dévoilé par le préfet lors de cette opération de contrôle au Moufia, ce mardi 28 janvier. Et cela passe par la responsabilisation des familles de ces mineurs à l'origine de ces violences.
"Vous savez qu'un certain nombre de ces jeunes mahorais, mineurs sont confiés à ce que l'on appelle des taties. On va vérifier que ces personnes en charge de l'autorité parentale remplissent leurs obligations. On va également vérifier les droits aux allocations familiales. Il y aura une concentration des contrôles de la CAF à ces personnes à qui j'écrirai pour remettre en question leurs droits sociaux."
Et de poursuivre, "si un mineur est isolé, on va remettre en question un ensemble de prestations qui sont données par l'Etat à la famille, en contrepartie de l'entretien et du suivi des enfants."
Le préfet de La Réunion, Patrice Latron était l'invité de la matinale de Réunion La 1ère :
Suppression des titres de séjour et expulsion des logements sociaux
Des mesures seront également prises auprès des familles étrangères prévient Patrice Latron. "Si le gamin est un trouble-fête, s’il se distingue par de la délinquance, je serai amené à supprimer ou dégrader le titre de séjour des parents. Ses parents seront convoqués en préfecture et on fera un réexamen de leurs droits au séjour."
Un réexamen des titres de séjour envisageable pour ces familles tout comme les expulsions des logements sociaux. Le préfet confirme que cette mesure est applicable.
S'il y a des familles qui causent des troubles, je ferai tout pour les expulser, c'est une procédure qui est tout à fait légale qui a été ouverte par Gérald Darmanin lorsqu'il était ministre de l'Intérieur et cela en lien avec les bailleurs sociaux et les maires
Patrice Latron - préfet de La Réunion
Ce plan d'action sera au cœur d'une table ronde prévue le mercredi 5 février prochain en présence des représentants de l'État, des maires des communes concernées par ces phénomènes de bandes (Saint-Denis, Saint-Louis, Saint-André, Saint-Benoît et Le Port),des forces de l'ordre et des magistrats. Le directeur général de la CAF de La Réunion sera également consulté.