Des livreurs à domicile demandent réparation au conseil de prud'hommes pour leurs salaires impayés : décision rendue le 21 avril prochain

En difficulté financière, leur employeur leur a payé leur salaire en retard, puis plus du tout : depuis, ces anciens salariés de "Top Course Nord", opérant pour l'application "Please Réunion", éprouvent le plus grand mal à joindre les deux bouts. Ils demandent réparation au conseil de prud'hommes. Après une audience ce vendredi 17 février, ils seront fixés sur leur sort le 21 avril 2023.

C'est ce vendredi 17 février 2023 que se sont retrouvés 23 anciens livreurs de repas à domicile devant le conseil de prud'hommes. Ces salariés avaient été embauchés en CDI pour la société "Top Course Nord", affiliée à la société franchisée "Please Réunion". Deux sociétés qui n'existent plus aujourd'hui, placées en liquidation judiciaire l'année dernière.

Ce vendredi au conseil de prud'hommes, il s'agissait pour 23 employés de demander réparation : après avoir été embauchés par "Top Course Nord" pour livrer des repas à domicile via l'application Please, des difficultés financières sont apparues dès la fin de l'année 2021.

Des retards dans les paiements, puis plus rien 

Dans un premier temps, ils constatent des retards dans le paiement de leur salaire, puis de leurs frais d'essence. L'entreprise demandait même à certains de ses salariés d'emprunter leur propre véhicule pour effectuer les livraisons. Puis apparaissent des mauvais comptages d'heures supplémentaires.

Cerise sur le gâteau, tous les versements finissent par être stoppés net, et la société "Top Course Nord", tout comme "Please Réunion", sont liquidées. On propose à certains de démissionner pour être réembauchés par la nouvelle entité, "Service Course Réunion", affiliée à "Please International Network". Une autre filiale, "Please Mon Home Service" a récupéré l'activité de livraison dans l'île. Certains acceptent, les autres sont licenciés économiquement.

Plusieurs dizaines de milliers d'euros d'impayés par salarié

Les préjudices s'élèvent à plusieurs dizaines de milliers d'euros, en moyenne 30 000 euros par salarié. Les sociétés ayant été liquidées, c'est le régime de garantie des salaires qui devrait les dédommager, s'ils obtiennent gain de cause lors du jugement, annoncé pour le 21 avril 2023. 

Des ex-employés en détresse financière

En attendant, ces salariés qui réclament aujourd'hui justice, vivent dans une situation de précarité financière importante. Parmi la vingtaine de salariés présents au tribunal à Saint-Denis ce vendredi, plusieurs disaient toute la détresse due à ces retards de paiements de la part de leur ex-employeur. Un père de famille lui, ainsi privé de salaire, n'était plus en mesure de payer le carburant pour aller travailler. 

Ce couple, par exemple, parents de quatre enfants, est actuellement menacé d'expulsion de leur logement et s'est vu privé d'électricité. Tous deux travaillaient pour "Top Course Nord". Le père de famille explique : "Tout était sur mon nom. Comment faire pour expliquer ça aux enfants ? On ne peut pas. J'ai eu une baisse de moral. Franchement, c'était une descente aux enfers". Les retards de paiement ont fini par le placer dans une situation difficile, qu'il relate ainsi : "Ça s'est accumulé : vous ne payez pas le loyer pendant un mois, deux mois, ça s'accumule. Quand vous avez une p'tite monnaie, vous pouvez pas payer tout. Du coup on se retrouve sans logement au mois prochain".

L'homme espère désormais que le jugement du conseil des prud'hommes lui permettra d'obtenir réparation "pou ensorte a moin, enlève l'huissier dans mon dos, régularise la situation pour la voiture à la banque, retrouver une vie normale"

Tous sont actuellement en difficulté et ont dû avoir recours à l'aide juridictionnelle - réservée aux revenus très modestes - pour demander réparation aux prud'hommes, et peut-être obtenir enfin le remboursement de leurs salaires impayés.