Deux soirées documentaires pour comprendre les "décolonisations" et leur héritage historique

Deux soirées documentaires pour lever le voile sur l’histoire coloniale de la France sont prévues sur Réunion la 1ère. A travers les films qui seront diffusés, les réalisateurs ont souhaité montrer que l’histoire coloniale française fait partie de ce que le pays est devenu. 
 
Après deux ans et demi de travail, l’historien Pascal Blanchard et le réalisateur David Korn-Bzorza ont diffusé leur documentaire en deux partie "Décolonisations : du sang et des larmes" sur France 2 le 6 octobre 2020. Réunion la 1ère leur consacre deux soirées, ces mercredi 14 et jeudi 15 octobre.
  

Présenter des histoires coloniales méconnues

Dans le premier épisode intitulé "La Fracture",  les réalisateurs se concentrent sur le Sénégal, l’Algérie mais aussi Madagascar. Ils y racontent comment les populations se sont battues pour se libérer de la domination française.  
 
En plus d’images d’archives colorisées, le récit repose surtout sur des témoignages d’une quarantaine de personnes qui ont grandi en Côte-d’Ivoire, en Algérie et même à La Réunion et racontent leur expérience. Les réalisateurs ont estimé qu’il fallait que cette histoire soit incarnée afin qu’elle soit plus concrète aux yeux des spectateurs.
 

C'était intéressant d'avoir des témoins directs, mais aussi des filles, fils et petits-enfants de témoins. Il y a trois générations de témoins à l'image parce que c'est une histoire transgénérationnelle. 

David Korn-Bzorza, réalisateur



Le réalisateur David Korn-Bzorza  souhaitait montrer le passé colonial français dans sa globalité. Pour lui, "l'idée, c'était de montrer qu'il n'y avait pas seulement l'Indochine et l'Algérie." Il évoque par exemple les révoltes du 30 mars 1947 à Madagascar, lors desquelles la population a attaqué les camps militaires et concessions coloniales et qui ont été durement réprimées.  
 

Qui savait, par exemple, qu'il y avait eu en 1947 une révolte à Madagascar qui avait été matée et qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts ? 

David Korn-Bzorza, réalisateur


  

"On n’écrit pas l’histoire avec une gomme"

Pascal Blanchard estimait important d’évoquer le passé des Outre-mer pour avoir une des indépendance dans leur globalité : "cette histoire a justement été mise de côté des histoires des indépendances, de cette longue histoire qui dure près de 25 ans."
 

Quand on plonge dans le documentaire, on découvre que la Polynésie, les Antilles ou la Guyane ont complètement vécu ces instants-là avec des tensions politiques, avec des récits, avec des combats, avec de l'engagement. Et cette histoire est tout autant la leur. Mais elle n'est jamais racontée.

Pascal Blanchard, réalisateur


Pour témoigner de ce "vide historique" autour de l'histoire des colonies, Françoise Vergès évoque dans le documentaire ses années à l’école, lors desquelles elle n’a "rien" appris sur son pays.

Dans la seconde partie du documentaire nommée "La Rupture", La Réunion est évoquée, avec le parcours de Paul Vergès raconté par sa fille, Françoise Vergès. Le documentaire est également disponible en replay sur le site de France Télévisions.