Devant la préfecture, ces Réunionnais crient leur ras-le-bol face à la crise du logement

Mobilisation de la CNL contre la crise du logement
Ce samedi 26 octobre 2024, la CNL appelait les Réunionnais à se mobiliser contre la crise du logement devant la préfecture à Saint-Denis. Un peu plus d'une centaine de personnes sont venues dénoncer les nombreuses difficultés auxquelles elles font face au quotidien.

"Zanimo i vive mieu ke nou", "Stop aux bailleurs voleurs", ou encore "Aret fé logemen en karton"... les pancartes brandies devant la préfecture à Saint-Denis ce samedi matin en disent long sur l'agacement de ceux qui étaient ici réunis. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Ils étaient une centaine à dire non au mal-logement à La Réunion devant la préfecture. ©Réunion la 1ère

A l'appel de la Confédération nationale du logement (CNL) à La Réunion, un peu plus d'une centaine de Réunionnais ont fait le déplacement pour crier leur ras-le-bol face à leur situation. Ou leurs situations, qui sont multiples : loyer trop élevé, attente trop longue pour un logement social, habitat indigne ou inadapté... 

"Cette mobilisation est importante pour nous au vu de la situation extrêmement tendue à La Réunion", avance Erick Fontaine, l'administrateur de la CNL.

Mobilisation de la CNL contre la crise du logement

Des problèmes multiples autour du logement 

"On a des prix des loyers inacceptables aussi bien dans le privé que dans le social, on n'a plus de logements sociaux aujourd'hui alors qu'il y a 50 000 demandeurs..." soupire-t-il. Sans oublier la baisse des aides de l'Etat pour la réhabilitation des logements privés, notamment ceux des seniors, ajoute Erick Fontaine. 

"La situation est dramatique. Les coupes budgétaires de l'Etat sur le logement, on n'en veut pas. Nous on n'a pas la possibilité de prendre un train et d'aller chercher un logement dans un autre département, il nous faut des moyens supplémentaires". 

Erick Fontaine, administrateur de la CNL Réunion

Une motion remise au sous-préfet 

A l'issue de sa mobilisation ce samedi, la CNL a prévu de remettre une motion au sous-préfet, Jérôme Filippini ayant quitté La Réunion et son successeur n'ayant pas encore été nommé. Plusieurs axes de travail y ont été définis, souligne Erick Fontaine.

Entre autres, la réquisitions de terrains dans les communes qui ne veulent pas accueillir de logements sociaux, la lutte contre le logement indigne qui, dit-il, augmente sur l'île, ou encore la réclamation du crédit d'impôt pour la réhabilitation des logements par les bailleurs sociaux, annoncées par le gouvernement mais toujours pas d'actualité un an et demi plus tard.

Mobilisation de la CNL contre la crise du logement

 

Davantage de logements nécessaires pour les victimes de violences

L'administrateur de la CNL a aussi souhaité évoquer une problématique encore tristement d'actualité ces jours-ci : celle du manque de logements pour les femmes victimes de violences conjugales. "Ces gens sont baladés d'un centre à l'autre, les enfants sont déscolarisés. C'est insupportable d'entendre ça", peste Erick Fontaine. Une minute de silence a été observée en mémoire de Chloé, cette jeune femme de 34 ans retrouvée morte dans son véhicule aux côtés de son ex-compagnon blessé, le week-end dernier. 

"Il faut se mobiliser. On manifeste, on dit ce qui ne va pas, on remet des motions, et on se met au boulot" 

Erick Fontaine, administrateur de la CNL Réunion

Des situations "invivables"

Guillaume Chérubin du collectif "Un toit pou nou", a lui aussi jugé important de manifester ce samedi "parce que la cause est noble et utile pour tous les habitants de La Réunion".

"La problématique est double et grave, car il y a non-logement et mal-logement. Hier encore, on a vu qu'il y avait 75 logements dans le Sud qui sont inoccupés pour des histoires administratives. On ne peut pas se limiter à ça et priver les gens de dignité humaine", clame-t-il.

Mobilisation de la CNL contre la crise du logement

Les citoyens réunis ce samedi matin dans les jardins de la préfecture en avaient quant à eux marre de ces conditions de vie. Comme Liliane, venue du Port, qui juge "invivable" son quotidien avec une "salle de bains en piteux état" depuis plus d'un an dans son logement SIDR. 

Logement trop cher... 

Marc lui, a dû partir habiter chez sa fille, en difficultés devant un loyer de 650 euros mensuels pour un T2. 

"Moin lé la parce que mi trouve l'augmentation du loyer lé trop fort. En plus c'est nous les seniors qui subit tout ! Pou mon loyer mi dépense au moins 400 euros, i ress pu a moin grand-chose pour survivre", dit pur sa part une autre dame, Josiane. 

...ou inadapté au handicap

Françoise, elle, a trouvé la force de venir des Camélias, malade, pour dire son désarroi. Souffrant d'une pathologie qui l'handicape au quotidien, elle vit dans un logement pourtant situé à l'étage. "J'ai des escaliers en colimaçons à monter alors que je suis en déambulateur. J'ai la technique pour monter, mais quand je ne suis pas bien je suis en fauteuil roulant", explique-t-elle. 

Les soucis se cumulent dans son logement, à l'entendre : sa salle de bains n'est pas adaptée à son handicap, et l'eau s'évacuant mal, sur un sol qui n'est pas anti-dérapant, elle dit avoir déjà glissé à plusieurs reprises.