Digital Cleanup Day à La Réunion: une journée pour sensibiliser à la pollution numérique

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Mails, vidéos en ligne, derniers smartphones participent à la pollution numérique. Elle est pourtant un des impacts sur le climat que soupçonnent le moins les usagers. Mais la pollution numérique est bien réelle, et participe au réchauffement climatique.

Ce samedi 18 mars, c’est la journée mondiale du nettoyage numérique. Boîtes mail, comptes Facebook, nombreux sont vos univers virtuels à se retrouver saturés d’éléments dont vous n’avez nullement besoin.

Sur Réunion 1ère, Bernard Padé, ambassadeur du Digital Cleanup Day, explique le but de cette journée : 

ITW Bernard Padé à l'occasion du Digital Clean Up Day

Et cela n’est qu’une partie seulement de ce qu’on appelle la pollution numérique. Un terme, qui plus généralement renvoie à la pollution engendrée par les nouvelles technologies.

La pollution numérique équivalente à 13 millions de voitures

La pollution numérique représenterait 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, et 2% de l’empreinte carbone à l’échelle nationale, selon l’ADEME, soit l’équivalent du trafic aérien au-dessus du sol français ou la circulation de 13 millions de voitures.

Téléphones portables, objets connectés en ligne et internet génèrent des polluants, comme des gaz à effet de serre ou des contaminations chimiques, mais occasionnent aussi de l’érosion de la biodiversité et de la production de déchets électroniques.

La fabrication des appareils numériques = 80% de la pollution numérique

L’utilisation d’appareils numériques représente à elle seule 20% de la pollution numérique. Les 80% restants résultent de la fabrication même de ces appareils.

Un ordinateur portable requiert des dizaines de matériaux en provenance du monde entier, tels que du tantale congolais, du lithium bolivien, de l’or australien ou des terres rares chinoises. Leur extraction est très coûteuse pour l’environnement puisqu’elle exige beaucoup d’énergie fossile, d’eau et de ressources. Il s’agit là d’une « pollution importée », souvent invisible depuis la France, souligne Greenpeace.

Autre exemple : fabriquer un téléviseur exige d’extraire 2,5 tonnes de matières premières et génère 350 kg de CO2, soit autant que pour un trajet en avion de Paris à Marrakech. La complexification des équipements alourdit la facture environnementale.

Les appareils reconditionnés sont huit fois moins polluants que les appareils neufs. Supprimer ses vieux mails ou éteindre totalement ses appareils à la fin de leur utilisation contribue également à limiter la consommation numérique.

Les datacenters représentent 1% de la consommation électrique mondiale

Selon une étude de GreenIt, on comptabilise 34 milliards d’objets connectés, ce qui représente une part importante de l’énergie utilisée, de ressources extraites et de serveurs branchés.

30% de la consommation électrique provient ainsi des équipements terminaux, 30% des datacenters climatisés hébergeant nos données et l’utilisation de ces serveurs en ligne, et enfin 40% des réseaux utilisés pour faire voyager les informations.

Les datacenters, mobilisés notamment quand on se connecte en ligne ou à nos mails, représentent aujourd’hui 1% de la consommation électrique mondiale. Selon l’ADEME, le nombre de serveurs dans le monde est de près de 70 millions.

Le streaming vidéo représente 60% du flux mondial de données

On estime à 15 000 km la distance moyenne parcourue par une donnée numérique, comme des mails, téléchargements, vidéos ou requête web. Le streaming vidéo représente à lui seul 60% des flux de données sur internet, et émettrait près de 1% des émissions mondiales de CO2, selon le Shift Project.

 

Une pollution numérique en constante augmentation

Il faut savoir que l’impact énergétique des données augmente dans le monde entier, et le numérique pourrait représenter 7% des émissions mondiales de CO2 d’ici 2025, soit presque autant que toutes les voitures aujourd’hui.

Le déploiement de la 5G risque d’aggraver la pollution numérique, en augmentant notamment la consommation d’électricité du secteur numérique. De plus, son déploiement nécessitera de nouveaux équipements pour l’infrastructure du réseau 5G et les usages des particuliers, avec une explosion des nouveaux terminaux numériques.

Selon une étude du Haut Conseil pour le Climat, le déploiement de la 5G entrainerait ainsi une augmentation de 18% à 45% de l’empreinte carbone du secteur numérique en France d’ici 2030.

Changer ses habitudes

Les ressources de la planète ne pourront pas soutenir une telle évolution, préviennent les experts. Il faudra donc modifier nos usages.

Lutter contre la pollution numérique, c’est avant tout utiliser moins d’objets informatiques et les faire durer plus longtemps, mais c’est aussi mieux maîtriser les flux de données sur internet.

Eviter les téléviseurs 4K ou 8K, adapter la résolution de son écran de téléphone portable ou de son ordinateur, et bloquer la lecture automatique des vidéos sur les réseaux sociaux, en sont quelques exemples.