Le 9 juillet, feu vert pour l'ouverture des discothèques dans l'Hexagone. Pas de date annoncée à La Réunion pour le moment. Les gérants des établissements locaux sont en colère. Ils déplorent le manque de visibilité pour s'organiser et redoutent le développement d'une concurrence déloyale.
Les professionnels du monde de la nuit espéraient un fléchissement du positionnement de l'Etat sur leur secteur d'activité au 30 juin. Il faudra attendre le vendredi 9 juillet. Enfin, dans l'Hexagone et sous conditions. A La Réunion, aucun calendrier n'est envisagé pour le moment pour l'ouverture des discothèques au public.
Nous sommes tristes et en colère
"Nous ne pensions pas vivre un deuxième été sans discothèques. Nous sommes tristes et en colère..." déclare Christine Rémy. La vice-présidente de la branche "Nuit" de l'UMIH-Réunion a confié que "localement nous n'avons pas de discussion pour l'instant avec le préfet. Aucune perspective d'ouverture n'a été évoquée. Tant que le couvre-feu reste à 21 h, nous sommes dans l'impossibilité d'ouvrir de toute façon... "
Une situation devenue de plus en plus difficile à supporter par les gérants de discothèques. Dans l'île, cela fait quinze mois que les établissements ont baissé leurs rideaux et coupé le son. Sur le plan national, le plan présenté par le gouvernement implique la mise en place de quatre mesures conditionnant l'accès au public :
- Pass sanitaire obligatoire, avec vaccination ou test PCR négatif
- Jauge de 75% en intérieur et de 100% en extérieur
- Port du masque recommandé mais pas obligatoire
- Cahier de rappel des clients
Des mesures que Christine Rémy a du mal à digérer. "Pour ma part, pas question d'ouvrir selon les exigences du pass sanitaire et de la jauge de clientèle" s'insurge la vice-présidente de la branche "Nuit" de l'UMIH-Réunion. Question de principe d'abord.
"On nous a oublié pendant quinze mois et le gouvernement se souvient tout d'un coup qu'il y a des discothèques qui peuvent servir de levier pour convaincre les jeunes à se faire vacciner. Je trouve ça un petite peu gros" explique Christine Rémy. Elle reconnait qu'"il y a un enjeu, celui de la santé. On doit se protéger et protéger les autres. Mais pas question pour nous, gérants de discothèques, de faire la propagande d'un vaccin ou pas..." précise-t-elle en rajoutant "je veux juste qu'on me laisse ma liberté de travailler et qu'on ne me demande pas d'être biologiste pour faire passer des tests aux clients".
Déonthologie et responsabilité
En plus de la question déonthologique, la vice-présidente de la branche "Nuit" de l'UMIH-Réunion évoque également la notion de responsabilité. "Qui va faire passer ces tests à nos clients ? Ce n'est pas clair. Il faudrait une personne habilitée" demande Christine Rémy qui s'interroge encore "s'il y a un soucis, si un mauvais geste a été effectué comment cela va se passer ?". Des situations qui restent à clarifier même sur le plan national selon la gérante de discothèque consciente que le combat contre virus pas terminé.
Sur le plan économique, des précisions devront également être apportées. La syndicaliste considère le pass sanitaire comme l'instauration d'une concurrence déloyale. A deux niveaux. "D'abord, lorsque les jeunes sortent, il s'agit d'une décision impulsive. Pour la plupart d'entre eux, ils ne vont pas réfléchir à disposer des formalités administratives requises. Du coup s'ils ne sont pas acceptés en boîte de nuit, ils vont privilégier les fêtes clandestines."
Concurrence déloyale
L'autre type de concurrence viendrait selon elle de la part des restaurateurs et des patrons de bars. "Si on exige de nous des pass sanitaires, que les règles soient les mêmes pour tous. Je pense aux bars et aux restaurants à ambiance musicale pour l'instant pas concernés par les pass sanitaires et ce n'est pas équitable" explique Christine Rémy, excédée par une situation de plus en plus difficile à vivre sur le plan professionnel et personnel.
"Quand on ne vous donne pas la possibilité d'utiliser votre outil de travail dans lequel vous avez investi du temps et de l'argent, cela vous affecte financièment et psychologiquement" déclare Christine Rémy se faisant l'écho de nombreux acteurs du monde de la nuit qui "auraient peut-être fait le choix de changer de métier, s'ils avaient su que la période de fermeture allait être aussi longue".