Droits des enfants : plus de dialogue pour plus de protection

90% des abus sexuels sur mineurs sont commis par un membre de la famille.
Les droits de l'enfant, reconnus par la communauté internationale aux personnes mineures, permettent de préserver leur santé physique et morale, de garantir leur dignité et de promouvoir leur éducation. A La Réunion, certaines associations dénoncent le manque d’accompagnement et de dialogue autour de ces droits fondamentaux.

Le droit à l’éducation, à la santé, ou encore, à la protection contre toute forme de violence, tout autant de droits définis pour les personnes mineures, mais qui ne sont pas encore acquis dans l’Hexagone et à La Réunion.

Nous sommes inquiets

Problème majeur : le manque de moyens mis à disposition pour encadrer ces droits et proposer un suivi aux enfants. “Nous sommes inquiets de tous ces enfants qui ne disposent pas d’assistance éducative, d’accueils provisoires, faute de budget, détaille Eric Delemar, défenseur des enfants, adjoint de Claire Hedon. Certains enfants ont été victimes d’abus sexuels, ont été accompagnés, ont eu le courage de prendre la parole, mais attendent parfois des semaines pour avoir une place dans un établissement d’une famille d’accueil. C’est ubuesque de les laisser vivre dans leur milieu familial encore dangereux”, conclut-il.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Droit des enfants : la parole aux acteurs sur le terrain ©Réunion La 1ère

La protection de l’enfant : “l’affaire de tous

À La Réunion, des centaines d’intervenants agissent dans la prévention pour sensibiliser les enfants et les familles. “On peut rencontrer tout type de problématique, explique Judicael Roucoumany Amaye, assistant de service social dans une structure qui suit quotidiennement 38 enfants. Des violences sexuelles, des enfants maltraités, des carences au niveau de l’hygiène… La protection de l’enfant c’est l’affaire de tous”, indique-t-il.

Regardez l'interview de Claire Hédon sur Réunion La 1ère :

Droit des enfants : itw de Claire Hédon, défenseure des Droits ©Réunion La 1ère

Un frein au niveau de la justice 

Mais les actions de sensibilisation ne suffisent pas. “On a eu des familles dont les enfants ont voulu faire des démarches auprès des juges pour dénoncer des violences intrafamiliales et dont le juge n’a pas reconnu la crédibilité de sa parole, rétorque Marine Adelair, représentante de l'association Ecoute-moi, protège-moi, aide-moi. Au niveau de la justice et des droits de l’enfant il y a un vrai frein par rapport au milieu social, à la richesse linguistique de l’enfant et à son développement psychosocial également. Tous les enfants ne sont pas égaux face à la justice”, poursuit-elle. 

Certains enfants osent témoigner mais la justice ne suit pas. Pour rappel, dans 90% des cas d’abus sexuels, l’agresseur se trouve dans la famille de l’enfant. 

Des institutions fermées 

Autre frein, l’inaction des institutions. “Je souhaiterais plus de formations au niveau des mairies, des écoles primaires, des institutions communales et départementales, lance Lorian Anilha, consultante en parentalité, spécialisée dans la prévention des abus sexuels sur mineurs. Nous devons être capables en tant que professionnels de détecter les changements brusques de comportement chez les enfants et pouvoir les accompagner”, explique-t-elle. Multiplier les ateliers pour mettre à l’aise les enfants et leur tendre une perche, l’objectif de tous les professionnels du milieu malgré des réticences à l’heure actuelle.