Des drones sous-marins pour mieux prévoir les cyclones

Deux Gliders, ou planeurs sous-marins, ont été mis à l’eau au large des côtes de La Réunion. Leur mission : aider à améliorer les prévisions météorologiques et cycloniques. Une première dans l’Océan Indien.
 
La mise à l’eau de ce drone sous-marin est une première dans l’Océan Indien. Ce planeurs sous-marin, appelé Glider, est capable d’enregistrer une multitude de données scientifiques. Ce mardi 22 janvier au matin, deux engins de ce type ont été immergés au large de La Réunion.

Reportage de Delphine Poudroux et Laurent Figon.
©Réunion la 1ère
 

Collecter des données dans l’Océan Indien


Les deux Gliders ont été baptisés. L’un s’appellera "Tintin" et l’autre "Bon Plan". Ils seront envoyés vers le Nord-Ouest, c’est-à-dire au Nord de Madagascar, pour l’un, mais aussi au Nord-Est, au Nord de l’île Maurice, pour l’autre. Les deux feront alors un aller-retour sur à peu près 1 500 km, sur une période de 2 mois.
 
Les drones sous-marins, loués au CNRS, doivent ainsi collecter des données sur deux trajectoires bien définies par les chercheurs.
 

Mieux comprendre les cyclones et affiner les prévisions


L’objectif est d’en savoir un peu plus sur les cyclones, leur intensité, leur trajectoire et leur formation. Ce programme, baptisé Renovrisk Cyclones, est piloté par le LACy, le Laboratoire de l’Atmosphère et des Cyclones de l’Université de La Réunion, sous tutelle du CNRS et de Météo France.
 

" On va surtout s’intéresser à la dynamique et aux interactions entre l’océan et l’atmosphère. Un cyclone se forme sur un océan chaud donc on voit très bien les mouvements, d’un point de vue scientifique et comment le cyclone peut se former et s’intensifier sur la verticale, sur la colonne d’air, mais il reste encore pas mal d’inconnues sur ce qu’il se passe sous la surface de l’océan, et notamment sur les 200-300 premiers mètres sous la surface, qui représente tout le contenu thermique de l’océan dans lequel le cyclone va puiser son énergie pour se former ", explique Emmanuel Cordier, Ingénieur d'étude en océanographie à l'OSU-Réunion.


A ces données scientifiques récoltées en mer viendront s’ajouter les données aériennes récoltées par Météo France. Elles seront analysées par le LACy, et à termes ces mesures permettront d’améliorer la prévision des cyclones, non seulement dans l’Océan Indien mais aussi à l’échelle mondiale.
 

 

Un vaste programme de recherche


Renovrisk " est un programme de recherche financé par l’Europe, l’Etat et la Région Réunion en charge de la gestion des fonds européens Feder Intereg. Il bénéficie également d’un financement direct du CNRS.

Ce projet Renovrisk d’ampleur comporte en fait 4 sous-programmes :
  • Renovrisk Cyclones qui s’intéresse à améliorer les modèles de prévisions des cyclones tropicaux
  • Renovrisk Transfert qui s’intéresse à l’interface Mer/Terre et aux impacts cycloniques sur les côtes
  • Renovrisk Erosion, qui se focalise sur l’érosion terrestre, notamment dans les rivières, sous l’effet des conditions cycloniques
  • Renovrisk Impacts qui est la dimension socio-économique des impacts des événements extrêmes sur la population et les biens.
 
Une nouvelle génération de modèles numériques qui intègrent l’atmosphère et l’océan, c’est-à-dire la colonne d’air et la colonne d’eau sur laquelle le cyclone puise son énergie, sera ainsi développée. La validation de ces modèles numériques nécessite donc des observations de terrain qui font l’objet d’une campagne expérimentale intense de 2 mois, dans tout le bassin SWIO  soit le Mozambique, Madagascar, Les Seychelles et La Réunion.

Cette campagne de déploiement de drones sous-marins autonomes en fait ainsi partie.