Enquête sur les emplois familiaux : perquisition des locaux de la Région Réunion

Les locaux de la Région Réunion ont été perquisitionnés ce mardi 10 décembre 2024 dans le cadre d'une enquête concernant des emplois familiaux présumés. Après la juridiction administrative, une enquête avait été ouverte en mars dernier par la procureure de Saint-Denis pour discrimination à l'embauche au Conseil régional.

La Région Réunion au cœur d'une enquête concernant des emplois familiaux présumés. Les policiers de la brigade financière du STPJ ont perquisitionné la pyramide inversée ce mardi 10 décembre 2024. Une information révélée par nos confrères de Zinfos974 et confirmée par notre rédaction. 

De graves irrégularités pour certains recrutements 

Déjà en mars dernier, le tribunal administratif reconnaissait de "graves irrégularités" pour certains recrutements réalisés à la pyramide inversée.

Dès 2023, après l'arrivée de la nouvelle présidence d'Huguette Bello, des employés portaient plainte à la suite du non-renouvellement de leur contrat au moment du changement de la majorité.

Vingt-huit agents engagés en CDD, dans les lycées en tant qu'agent polyvalent, agent de maintenance informatique ou d’animateur dans le cadre du dispositif "plan ordinateur portable" (POP) n’ont en effet pas été reconduits dans leurs fonctions.

Le caractère illégal des nouvelles embauches 

Le 22 mars 2024, la juridiction administrative donne raison à une dizaine d'agents concernés et leur  accorde des indemnités pour le préjudice subi. Le rapporteur avait alors souligné le caractère "manifestement illégal" des nouvelles embauches. Et d'ajouter, "les formalités de la présélection et de l’entretien de recrutement n’ayant pas été accomplies conformément aux règles applicables".

Toutefois, "concernant l’éventualité d’un détournement de pouvoir, d’un traitement discriminatoire au profit de personnes ayant des affinités politiques ou des liens familiaux avec des élus régionaux, voire d’une prise illégale d’intérêt, les jugements ne se sont pas situés sur l’un ou l’autre de ces terrains pour entrer en voie d’annulation ou de condamnation" précise le rapporteur public. 

À la suite de la juridiction administrative, une information judiciaire avait été ouverte par le parquet de Saint-Denis pour discrimination à l'embauche. Depuis, un réquisitoire supplétif est venu visé également des faits de prise illégale d'intérêts.  

Cette perquisition menée mardi intervient alors que les élus de la Région étaient réunis ce jeudi 12 décembre pour l'adoption du budget primitif 2025.

Étape "normale" pour la présidente

Interrogée sur ces perquisitions, la présidente Huguette Bello a qualifié cette étape de "normale." "Une plainte a été déposée, et donc le devoir du pouvoir judiciaire c'est d'instruire et donc il le fait pour voir s'il y a matière à poursuivre" a répondu la présidente de région à Réunion la 1ère.

Ajoutant : "Mais il y a aussi le défenseur des Droits qui a dit qu'il n'y a pas lieu à poursuivre, il y a aussi le tribunal administratif qui a prononcé un arrêt et c'est donc tout à fait normal qu'on vienne se rendre compte sur place de ce qu'il s'est passé exactement pour en faire son opinion ou son jugement." 

"Une volonté d'aller au bout"

Avocat d'une cinquantaine de plaignants, anciens contractuels évincés lors du changement de majorité, Me Alain Antoine s'est lui félicité de cette nouvelle avancée de l'instruction. "Il y a maintenant une dynamique, une volonté d'aller au bout de ce dossier" estime-t-il.

"Des gens méritants qui étaient en place depuis cinq années, parfois travailleurs handicapés, ont été brutalement évincés et leurs postes ont été attribués à des personnes qui appartenaient au "clan" de Mme Bello", dénonce l'avocat. "Donc pas en fonction de leurs mérites, mais parce qu'ils appartenaient à un clan, à savoir membres de la famille, colistiers, etc.", reprend Me Antoine. 

"La deuxième chose qui est insupportable, c'est que l'intérêt général a été sacrifié par ces responsables politiques pour placer des personnes qui étaient pour certaines totalement incapables", ajoute-t-il. 

Les investigations vont se poursuivre sous commission rogatoire du juge d'instruction en charge du dossier.