Errance animale : une situation aggravée par les départs en vacances

Animaux au refuge Arche de Noé à Sainte-Anne
Avec la levée des motifs impérieux pour les personnes vaccinées, et la réouverture de nombreuses destinations, nombreux sont celles et ceux qui profitent de leurs congés hors de La Réunion. Des départs en vacances qui occasionnent également de nombreux abandons d'animaux.

"Depuis un mois, le téléphone sonne plus que d'habitude. Avec au bout, des dizaines de chiens et chats devenus subitement indésirables.". C'est ce qu'on peut lire sur l'appel à la solidarité lancé sur internet par l'Association Droit de Cité-Refuge de l'Arche de Noé à Sainte-Anne. L'Association, qui gère sur ses fonds propres les deux seuls refuges dans l'Est de l'île, a du mal à voir le bout du tunnel avec les nombreux abandons suite aux départs en vacances. Chiens et chats, encore non sevrés pour certains, se retrouvent ainsi sur le bord de la route, dans les champs de canne ou dans des épaves de voiture sans nourriture ni protection. 

Avec ses 150 animaux, chiens et chats, répartis sur deux structures à Sainte-Anne et Sainte-Rose, mais également en familles d’accueil, l’association Droit de Cité -l’Arche de Noé, qui vit grâce aux dons depuis 25 ans car elle ne bénéficie d'aucune subvention, a du mal à nourrir ses pensionnaires qui viennent se rajouter au fil des semaines. Elle lance donc régulièrement des appels aux dons sur la plateforme de cagnotte en ligne Leetchi

Même constat alarmant à la SPA

La Société Protectrice des Animaux fait, elle aussi, face à un afflux massif d'animaux abandonnés durant cette période d'hiver austral. Le site du Prado sert de refuge à toutes ces bêtes qui se retrouvent sans maître du jour au lendemain car ils coûtent trop chers en soins et en nourritures, car ils demandent trop d'attention ou parce que finalement les maîtres ont changé d'avis. La SPA accueille ainsi une quarantaine de chiens, une cinquantaine de chats adultes et 25 chatons. 

Le responsable du site lance un cri d’alarme et cherche désespérément des adoptants pour éviter l’euthanasie à ces animaux placés au refuge. En effet, au bout de 10 jours, les animaux sont condamnés à un triste sort, seulement 4 jours en fourrière. Jean-Luc Mignot, président de la SPA de Sainte-Marie est au micro de Nadine Bachelot. 

Jean Luc Mignot président de la SPA

 

L'errance animale : un véritable fléau sociétal à La Réunion

A La Réunion, ce sont des milliers de chats et de chiens qui errent dans les rues tous les jours. La population canine dans l’espace public est estimée à environ 73 000 chiens, dont 42 000 chiens errants sans propriétaire et 31 000 chiens divagants. Près de 20 000 chiens et chats se font écraser à La Réunion chaque année.

Parfois abandonnés, parfois nés dans la rue sans avoir pu de trouver de famille, ces chiens et chats non pris en charge et non stérilisés se reproduisent indéfiniment aggravant la problématique de l'errance. Chaque année, prés de 18 000 chiens et chats se font euthanasier dans les fourrières. 

Plusieurs associations tentent ainsi de donner une nouvelle vie aux animaux sauvés de leur triste sort en les envoyant à l'adoption en métropole. Une solution qui fait débat car, si elle permet de sauver quelques chiens chaque année, notamment des Royal Bourbon rendus célèbres par Michel Drucker, certains pointent du doigt le fait que cette solution ne fait que déplacer le poblème dans l'Hexagone où les refuges sont eux aussi saturés. 

 

Des piéges léthaux pour capturer les chats harets

Certains chats, abandonnés depuis trop longtemps, trouvent refuge dans les hauteurs de l'île, notamment dans le Parc National qui procure abri et nourriture. Des oiseaux qui sont des proies faciles pour ces chats harets mais qui, pour certaines espèces, sont endémiques et en danger. Ainsi, pour protéger notamment le Tuit-Tuit et le Pétrel, le Parc National a décidé de poser des pièges léthaux à certains endroits du site pour tuer les chats harets. Un choix fait après une consultation publique. 

 

Ainsi, pour protéger les chiens et les chats et éviter les abandons, les collectivités mettent régulièrement en place des campagnes de stérilisation gratuite pour les personnes non imposables. Pour connaître les dates et les documents nécessaires, il suffit de joindre l'intercommunalité de son secteur : Cinor, Cirest, Casud, Civis ou TCO. Pour celles qui ne peuvent en bénéficier, certains vétérinaires proposent le paiement en plusieurs fois sans frais.