Le préfet de La Réunion a fait libérer l’accès à l’abattoir Evollys, à l’Etang-Salé, ce mercredi 15 février. Les forces de l’ordre ont été dépéchées sur place, mais elles n’ont pas eu besoin d’intervenir.
Une vingtaine d’éleveurs de volaille, d’une des deux coopératives avicoles de l’île, bloquaient l’entrée depuis lundi matin. Aucun camion frigorifique ne pouvait en sortir en raison d’un conflit entre ces producteurs et l’abattoir.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Un dialogue de sourd
Les éleveurs de volailles ont dégagé l'entrée ce matin. Ils réclament un meilleur partage des richesses avec l'entreprise. Hier, mardi soir, une réunion entre la DAAF, la direction de l'abattoir et les éleveurs a été annulée. La préfecture de La Réunion assure accompagner les négociations entre les deux parties : elles seraient en discussions depuis ce matin pour mettre fin au conflit.
Les différents acteurs se sont réunis à la préfecture ce mercredi en fin de journée. Du côté des éleveurs, aboutir à un terrain d'entente est prioritaire, pour qu'ils puissent commencer à abattre leurs volailles dès demain matin, jeudi 16 février, explique Bryan Alaguerissami de la FDSEA.
Les raisons de la colère
Les éleveurs avicoles demandent "un partage équitable des richesses" et "un changement de direction au sein même de l’abattoir". Les éleveurs de volailles dénoncent un "mal être" depuis deux ans, ils réclament "le respect des annonces prises par la direction" de l’abattoir, et "plus de transparence dans la chaîne d'abattage".
"On se bagarre pour les petits agriculteurs, assure Patrick Levenur président du groupement d’éleveur AviPôle. Nous sommes sur une île à 10 000 km de l’Europe et nous avons le devoir de partager le développement et les richesses. On ne peut pas laisser une personne s’accaparer tout".
Selon lui, cette personne est Cédric Ducheman, PDG de l'abattoir Evollys. Il réagit sur Réunion La 1ère.
La réaction du directeur de l'abattoir
"C’est une négociation compliquée, car il y a des attaque personnelles infondées contre moi, assure Cédric Ducheman, PDG de l’abattoir Evollys. Quand on est arrivé en 2018, l’abattoir perdait entre 8 et 11 millions d’euros par an, personne ne voulait reprendre cet abattoir. On a travaillé pour faire en sorte que le l’abattoir arrive à faire des résultats, mais c’est toujours dans le but de réinvestir et consolider la filière de demain". Il ajoute que "le travail reprendra demain matin à 4 heures".
Regardez son interview sur Réunion La 1ère :
Les risques d’un blocage prolongé
Selon le préfet, un blocage prolongé de l’abattoir aurait entraîné "un risque sanitaire en raison de l’impossibilité d’évacuer plusieurs tonnes de déchets de carnés", "un risque d'atteinte au bien-être animal avec des animaux restant en élevage au-delà de l'âge prévu", mais aussi "un risque économique avec des pertes journalières pour l'abattoir et les éleveurs de toute la filière".