Ces derniers jours, les pêcheurs de la Rivière des Roches attendent l’arrivée des bichiques. "On est là, on regarde, mais pour l’instant il n’y a rien, il faut de la patience", souligne Yvan Vélia, pêcheur de bichiques. "Mais seulement, la patience à des limites", sourit-il.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Une nouvelle réglementation, mais pas d’accompagnement
Dans cette rivière, ils sont une cinquantaine à pêcher les bichiques, six mois par an. Depuis décembre 2021 et la mise en place d’une nouvelle réglementation, l’activité est réduite pour permettre une meilleure préservation de l’alvin.
"Avant, on utilisait de grands sacs en plastique, aujourd’hui on ne fait plus ça, on essaie de trouver de meilleures solutions, mais on nous donne pas les moyens de travailler le canal comme il se doit", assure Yvan Vélia, pêcheur de bichiques.
Un pêcheur devant le tribunal
Cette semaine, pour la première fois dans l’île, un pêcheur était devant le tribunal de Saint-Pierre pour non-respect de la réglementation. Le nombre de vouves utilisées, et le barrage du canal utilisé font partie des reproches qui lui sont faits.
Ce matin, à l’embouchure de la Rivière des Roches, les pêcheurs dénoncent cette situation et déplorent surtout un manque d’accompagnement depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation.
Privilégier les méthodes naturelles
Les pêcheurs le savent : pour préserver les bichiques, il faut privilégier les méthodes naturelles. Par exemple, ne pas faire de murs en ferraille ou en plastique. Mais au final, ce retour en arrière est un travail colossal, estiment les pêcheurs.
"Alors on ne met plus de sacs, on remonte tous les galets à la main, comme avant, mais c’est beaucoup de boulot", assure Pierre, pêcheur de bichiques depuis 45 ans.
800 kilos l’an dernier
L’an dernier, 800 kilos de bichiques ont été pêchés sur toute la saison. Nous sommes bien loin des tonnes de bichiques pêchées dans le passé. Aujourd’hui, tous attendent leur première prise.
"Le premier facteur négatif c’est la pollution et le braconnage, assure Marie Suzette Turpin, présidente de l’association des pêcheurs de la rivière. Nous subissons aussi des gens qui viennent ramassés dans la ravine, il faut arrêter de mettre la faute sur les pécheurs".
"Faire comme avant"
Les pêcheurs, eux, se disent volontaires et prêts à faire des sacrifices pour faire perdurer cette tradition. A la Rivière des Roches, quatre canaux de reproduction sont en place.
"On enlève le plastique et on revient comme avant c’est normal, avant on faisait qu’avec les galets et la paille", rappelle Jimmy Adeler, pêcheur de bichiques, en gardant les yeux rivés sur l’eau.