166 km, 9 600 m de dénivelé positif, La Diagonale des Fous est la course emblématique du Grand Raid. Sa 27ème édition partira de la Ravine Blanche à Saint-Pierre, jeudi 17 octobre à 22h.
Lise Hourdel avec Jimmy Dambreville et Axel Mainfroi •
2 470 hommes et 278 femmes sont inscrits au départ de la Diagonale des Fous. Moyenne d’âge des coureurs : 44 ans. De 21 à 77 ans, tous se sont préparés durant des mois, voire des années, pour pouvoir prendre le départ de cette course devenue mythique. Des " fous " qui s’élanceront jeudi 17 octobre, à 22h, de Ravine Blanche à Saint-Pierre.
Parmi les 2 748 inscrits figurent des " élites ". Des traileurs de haut niveau, rodés à l’exercice. Certains ayant marqués les précédentes éditions seront présents. Dans le désordre, il faudra ainsi compter sur Freddy Thévenin, David Hauss, Benjamin Postaire ou encore Mico Clain. Pas de Kilian Jornet, ni de Jim Walmsley, en revanche du côté des extérieurs, on devrait retrouver Antoine Guillon et Benoit Girondel.
Du côté des femmes, de beaux noms se disputeront également la première marche du podium, à savoir Alexandra Clain, Christine Bénard,Hélène Valette, Sandrine Béranger ou encore Alexandra Rousset.
La pression monte avant le départ
Rassemblées dans la zone d’attente à La Ravine Blanche, les 2 748 coureurs sont impatients de se lancer dans cette course folle. Impatients mais stressés. Les regards et les gestes en donnent en tout cas l’impression. Chacun sa méthode pour se "mettre dans la course", mais dans les faits, la plupart d’entre eux se plongent dans leur bulle.
On vérifie son matériel, on réfléchit aux derniers préparatifs pour être sûr de ne rien avoir oublié. Et puis, il y a aussi les petits doutes de dernière minute : " mon assistance sera-t-elle bien présente aux points prévus, ai-je bien pris mes piles de rechanges pour ma frontale, mes vêtements contre le froid, ma casquette pour le soleil,… ? ". On pense à sa course, on se demande si ses prévisions des heures de passage seront bonnes, on craint que les anciennes blessures ne se réveillent, autant dire que le mental cogite. Enfin, plus pour longtemps.
Les Fous sont lâchés
D’abord, les joëlettes s’élancent. Comme Chaque année, elles prennent le départ 30 minutes avant les autres traileurs, à 21h30. Pour cette 27ème édition du Grand Raid, l'association RAJ, Réunion Aventure Joëlettes, permettra à 11 personnes portées de traverser, elles-aussi, l'île. 31 porteurs, ainsi que des médecins, kinésithérapeutes et autres bénévoles se relaieront pour rendre cette aventure possible. Au total pas moins de 70 personnes parcourront 100 km, dont 80 km de portage, sur près de 9 600 m de dénivelé cumulé. Arrivée prévue le dimanche 20 octobre à La Redoute.
22h approche. Tous les fous se dirigent vers la ligne de départ. Le cœur bât de plus en plus vite pendant le décompte. Ca y est, le départ est donné. D’un coup, les coureurs sont aspirés par le flux. Le rythme est soutenu, les Fous galvanisés par les encouragements des spectateurs venus en nombre, souvent bien même au-delà de leurs limites avoueront certains. Dans cette ambiance, ils ne s’en rendent pas vraiment compte. Ce n’est qu’au 1er km qu’ils commencent à mesurer ce départ trop rapide. Le cœur et les jambes envoient des signaux. La prise de conscience arrive alors, pour atteindre l’objectif, à savoir La Redoute, il faut modérer son allure.
La nuit pèse toujours, on prie pour qu’il ne pleuve pas, le froid est mordant. Heureusement, la soupe chaude et salée est là pour réconforter les coureurs. C’est reparti pour une petite montée jusqu’au Nez de Bœuf, et une descente vers Mare-à-Boue par le Chalets-des-Pâtres. Attention dans le sentier par contre, les coureurs traversent les pâturages bordés de fils barbelés. En cas de pluie, les glissades coûtent cher. Si le terrain est sec en revanche, on se laisser aller.
Direction Cilaos
Enfin, les coureurs atteignent Mare-à-Boue, lieu où attendent déjà les familles et leurs " ravitos ", les amis, les bénévoles, le team également. Les autres années, ce ravitaillement était réputé car tenu par les militaires. Au menu, il y a avait alors pâtes et poulet grillé. A ce stade, l’estomac accepte encore la nourriture. Il faut donc en profiter pour reprendre des forces après 5 à 6 heures de course déjà.
Les premiers coureurs atteignent Cilaos au petit matin, le soleil est alors à peine levé. La température, encore bien fraîche, va en revanche grimper. Direction le cirque de Mafate, et celui-là, c’est de jour qu’il faudra le traverser !
Au point culminant, pas de ravitaillement ! Il faut encore marcher pour atteindre celui de Tête Dure, pourtant il serait déjà le bienvenu. A la sortie de Mafate, les coureurs sont rincés. Tout a besoin d’être requinqué, le physique surtout, le moral aussi ! Il faut dire que la plus grande descente du parcours les attend. Les tentes du ravitaillement sont bien pleines, les traileurs bien cassés cherchent à reprendre des forces à tout prix.
Sortie des cirques, encore 40 km à parcourir
A ce stade, rien n’est acquis. S’annonce en effet une longue descente jusqu’à Sans-Soucis, près de 13 km subis par les Fous, et qui se finit par de grandes marches auxquelles même les plus avertis ne pourront résister. C’est en fin de journée que les coureurs atteindront le ravitaillement installé à l’Ilet Savannah. Un ravitaillement complet avec repas chaud, kinésithérapeute ou encore podologue.
Après 126 km de course, vient la traversée de la Rivière-des-Galets, la petite, mais très raide, remontée pour enfin redescendre par le pénible sentier Kaala et ses échelles, jusqu’à la Place Festival à La Possession. De nuit, les glissades sont à craindre, la prudence est donc recommandée. Dernière ligne droite, direction La Redoute.
Une petite sieste à La Possession et il faut désormais affronter le Chemin des Anglais. Ses pavés, parfois penchés, font mal aux jambes et demandent une concentration devenue difficile à atteindre. La remontée de la Grande Chaloupe jusqu’au Colorado est la plus éprouvante. Passé Saint-Bernard à La Montagne, le sentier devient sec, friable et donc glissant. Cette partie est particulièrement dure pour le moral.
Un moral pourtant reboosté au Colorado. L’ambiance y est folle, grisante même. Là, les coureurs parlent bien souvent d’un sentiment de "renaissance", retrouvant ainsi un regain d’énergie qui les emmènera jusqu’au stade de La Redoute, point final de cette Diagonale des Fous.