Grand Raid 2019 : le parcours du Trail de Bourbon

112 km, plus de 6 400 m de dénivelé positif, le Trail de Bourbon est considéré comme le " petit frère " de la Diagonale des Fous. Les 1 330 coureurs inscrits à cette course, l’une des 4 que compte le Grand Raid, s’élanceront de Cilaos, vendredi 18 octobre à 21h.
 
1 096 hommes et 234 femmes retireront leur dossard mercredi 16 octobre à Saint-Pierre, précieux sésame pour participer à cet ultra-trail de 112 km. A 2 jours du départ, la pression monte alors d’un cran pour les 986 locaux et 344 non-résidents qui participent à la course.
 

Départ de Cilaos


C’est de nuit, à 21h, que les coureurs s’élancent de Cilaos. Avant, il leur faut passer par leur tout premier pointage, dès 18h. Puis, vient l’attente. Certes, la nuit et le froid ne sont pas les meilleurs compagnons, mais ils sont vite oubliés grâce aux "chauffeurs de salle" qui assurent l’ambiance sur le stade de Cilaos. Le stress est cependant bien présent, l’impatience encore plus ! Viens enfin le moment du départ.
 
C’est par la montée jusqu’au Bloc que débute le Trail de Bourbon, 7 km sur la route forestière avant d’attaquer enfin les sentiers. Là, commence la première grosse montée vers le gîte du Piton des Neiges. Montée qui peut s’avérer boueuse en cas de pluie. Au gîte, se trouve le poste de la Caverne Dufour. On y pointe, on s’hydrate et on repart pour une longue descente jusqu’au gîte de Bélouve cette fois.
  

Salazie "By night"


Une portion à flanc de crête, où il faut courir car à ce moment-là, les écarts commencent déjà à bien se creuser. Une portion qui se fait bien souvent seul. 45 minutes de descente plus tard, apparaît le premier point de ravitaillement du parcours, installé au stade de Hell-Bourg. Le prochain ne sera que dans 24 km. Il faut donc en profiter pour prendre des forces. Atteint vers 2h ou 3h du matin, c’est un moment important pour les coureurs.

Les traileurs foulent ensuite une portion de route du village d’Hell-Bourg à la Passerelle Trou Blanc. Derniers instants au contact de la civilisation. Supporters et voitures sur les bas-côtés sont encore bien présents, avant de véritablement entamer les sentiers du cirque de Salazie. Une sacrée côte de près de 10 km les y attend jusqu’à la Plaine des Merles.

Une montée pas simple, à l’issue de laquelle la fatigue commence à se sentir. Les coureurs ont déjà parcouru près de 37 km, dans la nuit et le froid. Le ravitaillement est donc le bienvenu, le médecin aussi.
  

Lever du jour sur Mafate


La bascule du cirque de Salazie à celui de Mafate est désormais effectuée. Les premiers rayons du soleil ont déjà commencé à pointer, encore un effort à fournir jusqu’à Marla. La descente avec vue sur Mafate, à travers la Plaine des Tamarins, "repose" les coureurs et fait "du bien" au moral.
 
Nouvel arrêt à Marla, en début de matinée. Là, il faut souffler, manger salé. Soupe, saucisses, pâtes et pain sont au menu. Et puis, il faut aussi se faire soigner. Le médecin est d’ailleurs généralement bien occupé. Hypothermie, hypoglycémie, déshydratation, désagréments digestifs, bobos aux pieds, c’est aussi ça un ultra-trail !

Pourtant, il faut continuer. Le soleil commence à être haut, la température monte elle-aussi, débute alors une zone non-couverte à travers le cirque de Mafate. D’abord en douceur, les traileurs longent la rivière jusqu’à Trois-Roches, puis surviennent 2 petites difficultés. Là, ça monte sec et en plein soleil !

Arrivé à Roche-Plate, la fatigue est bien présente, mais s’annonce encore la montée vers le Maïdo. La pause s’impose donc. 15 à 20 minutes de sieste, à condition de trouver une place. Le secteur est occupé, le répit indispensable. 6 km de montée jusqu’au Piton des Orangers doivent encore être avalés pour sortir du cirque.
  

Sortie des cirques, encore 40 km à parcourir


Si l’arrivée au Maïdo marque le "retour à la civilisation", après 32 km de course solitaire, elle est aussi un moment charnière du Trail de Bourbon. Amis et familles sont certes là pour fêter les coureurs, les remotiver, fournir des vêtements propres, et pourtant tout peut alors basculer. Pour certains, les encouragements dès la fin du sentier vont les booster, pour d’autres cela se soldera par un abandon, resté compliqué dans Mafate. Le mental fera alors toute la différence.

Pourtant, rien n’est acquis. S’annonce en effet une longue descente jusqu’à Sans-Soucis, près de 13 km subis par les traileurs, et qui se finit par de grandes marches auxquelles même les plus avertis ne pourront résister. C’est en fin de journée que les coureurs atteindront le ravitaillement installé à l’Ilet Savannah. Un ravitaillement complet avec repas chaud, kinésithérapeute ou encore podologue.
 

Après 24h de course, vient la traversée de la Rivière-des-Galets, la petite, mais très raide, remontée pour enfin redescendre par le pénible sentier Kaala et ses échelles, jusqu’à la Place Festival à La Possession. De nuit, les glissades sont à craindre, la prudence est donc recommandée.
  

Dernière ligne droite, direction La Redoute


Une petite sieste et il faut désormais affronter le Chemin des Anglais. Ses pavés, parfois penchés, font mal aux jambes et demandent une concentration devenue difficile à atteindre. La remontée de la Grande Chaloupe jusqu’au Colorado est la plus éprouvante. Passé Saint-Bernard à La Montagne, le sentier devient sec, friable et donc glissant. Cette partie est particulièrement dure pour le moral.  
 
David Hauss, le vainqueur du Trail de Bourbon 2018, sur le Chemin des Anglais.
Un moral pourtant reboosté au Colorado. L’ambiance y est folle, grisante même. Là, les coureurs parlent bien souvent d’un sentiment de "renaissance", retrouvant ainsi un regain d’énergie qui les emmènera jusqu’au stade de La Redoute, point final de ce Trail de Bourbon.
 
C’est donc en courant que les plus vaillants, et surtout les plus résistants, franchiront la ligne d’arrivée, parfois accompagnés de leurs enfants, main dans la main. 112 km auront alors été parcourus. 30 heures, en moyenne, auront été nécessaires pour les faire.