Depuis le début de l’année, leur facture d’électricité a pris 20%, soit plusieurs millions d’euros supplémentaires. Les distributeurs d’eau sont les plus gros consommateurs d’électricité dans l’île. Ils subissent de plein fouet l’augmentation du prix du kWh.
Runéo débourse par exemple jusqu’à 7,8 millions d’euros par an pour son fonctionnement. En 2022, il doit compter 1,7 millions euros de plus. L’augmentation de près de 20% des prix est un coup dur et met en péril son activité, selon le directeur général Geoffroy Mercier.
Un dispositif spécifique aux Outre-mer demandé
La hausse devrait se poursuivre l’année prochaine, d’où l’urgence pour ces entreprises de trouver des solutions immédiates et pérennes. Une rencontre est d’ores et déjà prévue entre les entreprises de l’eau et EDF Réunion le 8 septembre prochain.
Les fournisseurs d’eau de La Réunion, Runéo, la Cise, Sudéau, la Créole ou encore la Saphir, ont adressé un courrier commun aux pouvoirs publics pour les alerter des conséquences que pourraient avoir cette hausse. Ces entreprises réclament surtout des actions fortes de la part de l’Etat, notamment un dispositif spécifique aux Outre-mer qui subissent de plein fouet cette forte inflation du coup de l’énergie.
En attendant de sauver le modèle économique réunionnais, c’est inévitable, les abonnés paieront des factures encore plus salées à compter de janvier 2023.
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L'application du bouclier tarifaire à La Réunion en discussion
Une nouvelle augmentation de 4% est prévue sur le mois d’août. Elle n’est pas encore visible sur les factures, indique Michel Dijoux, le vice-président de l’ADIR, l’Association pour le Développement Industriel de La Réunion.
L’organisme a pris attache auprès du ministère de la Transition écologique et une discussion se tient actuellement au sujet de " l’atténuation de ces augmentations et l’alignement des factures d’énergie sur celles adressées aux entreprises industrielles de l’ensemble du territoire français ", précise-t-il.
Dans l’Hexagone, les industriels ont obtenu du gouvernement la garantie d’un bouclier tarifaire limité à 4%, comme pour les particuliers. La ressource en électricité n’étant pas d’origine nucléaire à La Réunion, le département n’a pas eu droit à cette possibilité.
Ramener l’augmentation de 20% à 4%
La discussion entamée vise donc à l’obtenir. Selon le vice-président de l’ADIR, elle semble positive et pourrait permettre de faire baisser l’augmentation de février de près de 16%, passant des 20% pratiqués aujourd’hui aux 4% plafonds.
Pour l’ADIR, il s’agirait d’obtenir, à minima, l’annulation de l’augmentation de 20%. Une nouvelle augmentation doit malgré tout s’appliquer en janvier 2023. Quoiqu’il en soit, si le bouclier aura un effet sur la facture, les augmentations successives continueront d’impacter les entreprises.
Le consommateur en bout de course
La consommation même de l’électricité est en question, selon Michel Dijoux, " plus on utilisera de l’énergie pour produire, plus l’impact sera finalement important en pourcentage ". Si l’impact est trop important, le résultat de l’entreprise pourra diminuer, avec des pertes sur l’exercice. Les difficultés financières des entreprises se répercuteront indéniablement sur les prix de vente.
Le consommateur subira l’augmentation d’électricité, lui-même dans sa consommation d’énergie, et l’augmentation des produits, induite par la hausse des prix de l’énergie sur les entreprises.
Vers une hausse des prix du BQP ?
Cette semaine, l’ADIR a activé la clause de revoyure du Bouclier Qualité Prix. Une discussion se tiendra avec les services de la préfecture sur le sujet la semaine prochaine, indique Michel Dijoux, le vice-président de l’ADIR.
Du fait de l’effet induit par l’augmentation du prix de l’énergie, demande a été faite d’une négociation sur les prix d’une partie des produits.
Cette clause de revoyure, on a été obligé de l’activer aujourd’hui, pour permettre aux entreprises concernées de pouvoir remettre à plat les prix qu’elles ont proposé dans le cadre du BQP.
Michel Dijoux, vice-président de l’ADIR