La Ciivise, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, est attendue à la Réunion du 26 au 28 juin prochain.
Depuis 2021, elle a pour objectif de recueillir la parole des victimes dans toute la France et c'est à la demande des associations locales qu'elle se déplacera dans l'île afin de se rendre compte de la situation.
Faciliter la prise de parole des victimes
Ces associations réclamaient depuis longtemps la venue de cette Commission. "Le temps est venu de laisser place aux victimes qui ont beaucoup à dire et nous les associations, nous sommes là pour faciliter cette prise de parole et les accompagner dans ce très long travail", rappelle Frédéric Rousset, le président du Collectif pour l'élimination des violences intra familiales (CEVIF).
Plusieurs milliers de témoignages ont déjà été recueillis par la Ciivise depuis la mise en place de sa plateforme d'écoute en septembre. Chaque année, 160 000 enfants seraient victimes d’inceste, selon les propres chiffres de la Commission.
Un important travail est déjà réalisé localement par les différentes structures associatives existantes, à l'exemple notamment du collectif Stop VIF, qui est à l'origine de la page "Facebook Me Too Inceste 974", dont l'objectif, là encore, est de libérer la parole des victimes.
La page Facebook "Me Too Inceste 974" :
"Le cerveau a oublié mais pas le corps"
Et ces victimes sont nombreuses dans l'île. Des victimes dont les souvenirs remontent parfois de façon brutale à l'âge adulte, comme cela a été le cas pour Sylvie. "Le cerveau a oublié mais pas le corps", confie celle qui a été sexuellement agressé par son oncle à l'âge de 6 ans. Tout lui est revenu 35 ans après, sur son lieu de travail, parce qu'un de ses collègues ressemblait fortement à son proche.
Ecoutez le témoignage de Sylvie, victime d'inceste, sur Réunion La 1ère :
Le difficile travail de prise en charge
La Ciivise appelle à changer en profondeur le fonctionnement des institutions pour construire une culture de la protection.
"Le mot inceste n'est apparu dans le code pénal qu'en 2010, c'est assez symptomatique de ce travail de législateur. La loi est toujours en retard par rapport au vécu des hommes mais ce travail a été fait et maintenant il s'agit de le faire connaître et d'aider les victimes", souligne à ce propos Frédéric Rousset.
Se mettre à la hauteur des enfants
La Commission a déjà fait une cinquantaine de préconisations, et elle recommande notamment la suspension de l'autorité parentale à partir du moment où il y a suspicion. "L'idée c'est de se mettre à la hauteur des enfants, de les écouter. Pour le moment, la loi a été écrite du point de vue des adultes", défend encore le président du CEVIF.
La Ciivise demande aussi par exemple à ce que les médecins aient une obligation claire de signaler leurs soupçons et que toutes les victimes aient accès à des soins spécialisés en psycho-trauma.