Inceste : plusieurs membres de la Ciivise démissionnent, le président du CEVIF réagit à La Réunion

Pour le collectif pour l'élimination des violences intrafamiliales, la disparition de la Ciivise serait un échec.
Onze membres de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants ont démissionné. A La Réunion, le président du CEVIF, Frédéric Rousset, craint que ce remaniement compromette la mission de la Ciivise.

L’inquiétude à La Réunion suite aux perturbations à la Ciivise. La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants a été remaniée.

Des évictions

Les deux coprésidents, dont le juge pour enfants, Edouard Durand, est remplacé par l'ex-rugbyman Sébastien Boueilh.

Onze membres de la Commission sur cinquante ont démissionné en signe de protestation contre cette éviction par le gouvernement.

Le mécontentement des associations

A La Réunion, le président du CEVIF, Collectif d'Elimination des Violences Intrafamiliales, Frédéric Rousset, craint que ce remaniement compromette la mission de la Ciivise.

"J’appelle ça un coup de Jarnac, c’est-à-dire qu’alors même que le juge Edouard Durand, très apprécié des associations, candidatait à la poursuite de sa mission, il a été écarté, au profit de l'ex-rugbyman Sébastien Boueilh qui passe pour une figure populaire, mais ce n’est pas forcément le cas", assure Frédéric Rousset, président du CEVIF à La Réunion.

"Sa figure divise car il a pris des positions qui s’opposent aux 82 préconisations de la Ciivise, donc je le vois mal défendre les préconisations sachant pertinemment qu’il est contre certaines d’entre elles", poursuit Frédéric Rousset.

A La Réunion en juin dernier

Depuis son lancement en janvier 2021, la Ciivise recueille la parole des victimes et était venue à La Réunion en juin dernier.

La commission a ensuite fait ses préconisations pour accompagner ces personnes voire mettre en place des mesures pour éviter des drames.

Une lutte affaiblie ?

A la Ciivise, les membres qui ont démissionné craignent "un affaiblissement de la lutte contre l’inceste".

Nommée nouvelle vice-présidente, Caroline Rey-Salmon, pédiatre et experte judiciaire, s'est notamment "opposée à une préconisation phare de la Ciivise : rendre obligatoire le signalement par les médecins", rappellent les démissionnaires dans un communiqué.

"Le dire et le faire"

"Au-delà de l’écoute, le juge Durand s’efforçait à chaque fois de mettre en relation les victimes avec les parquets, défend Frédéric Rousset, président du CEVIF à La Réunion. Le gouvernement essaie de croire qu’on est dans l’intellectualisation, mais il s’agissait pour le juge Edouard Durant de mettre le dire en face du faire. On était sur le chemin de l’opérationnalité".

Il y a quelques mois, la Ciivise était déjà menacée de disparition. Le mandat qui lui avait été donné par le gouvernement français s’achevait fin 2023, mais il a été prolongé. Désormais, la Ciivise est fragilisée.

Des chiffres alarmants

Depuis la création de la Commission indépendantes sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants en 2021, environ 27 000 personnes ont pu témoigner partout en France.

Selon la Ciivise, 160 000 enfants sont violés ou agressés chaque année. Un toutes les trois minutes en France. Seulement 3% des coupables de viols d'enfants sont condamnés aujourd'hui. 73% des plaintes déposées pour des violences sexuelles sur des enfants sont classées sans suite.