New Delhi était dans la fumée des décharges qui ont pris feu spontanément. Ailleurs, en Inde, des forêts ont brûlé. Dans certains Etats, à cause de la canicule, des écoles ont été fermées. La population est exténuée. Une vague de chaleur sans précédent frappe le pays depuis plusieurs semaines. Avec des pointes de température atteignant les 48 degrés au Rajasthan, dans le Nord-Ouest.
Les difficultés de la population
Priyanshu Kumar, ouvrier à Delhi décrit son quotidien :
"Mon corps est couvert de sueur à cause de cette chaleur et cela nous gêne beaucoup toute la journée. Il fait si chaud maintenant… Pour survivre on reste à l'ombre, on boit beaucoup d'eau, c'est tout."
Comme d’autres, Navpreet Kaur, habitante de Delhi évite les efforts et donne sa recette désaltérante :
« Nous essayons de boire de l'eau citronnée, bien qu'il soit très difficile d'en trouver de nos jours,… Ou nous la remplaçons par du thé glacé…, et si nous devons sortir, nous prenons généralement nos voitures, ce qui n'est en fait pas bon pour l'environnement. »
Une situation plus grave qu’il n’y parait quand on sait que l'Inde et le Brésil ont les taux de mortalité lié à la chaleur les plus élevés au Monde.
La production de blé va diminuer, un risque pour la sécurité alimentaire
La menace prend aussi une autre forme. La production agricole est touchée. En particulier celle de blé. Le mois de mars a été le plus chaud depuis 1901. Or c'est un mois fondamental pour le murissement des grains, notamment dans le grenier à céréales de l'Inde, le Pendjab. Devinder Sharma, expert en politique agricole, décrit ce qui s’est passé, car on n’a pas eu "la bonne température" :
"La température a soudainement grimpé. Cela a donc provoqué le flétrissement des grains. Ainsi, l’éclat a disparu et bien sûr le rendement a chuté à cause de ce flétrissement."
La production globale du pays pourrait baisser de 10 à 50% cette année, ce qui pose un problème car comme le rappelle Devinder Sharma :
"Le blé et le riz paddy sont les deux cultures qui entrent dans le programme national de sécurité alimentaire."
Ce programme a procuré des céréales à 800 millions de personnes durant la pandémie (des groupes vulnérables en particulier comme les travailleurs migrants). Au lieu de 80 millions habituellement. Ses stocks ont donc très largement fondu, et il pourrait prendre fin en septembre
Des exportations envolées et le risque de renforcer la tension sur les cours du blé
Contrairement à ses espoirs l'Inde, second producteur mondial de blé, aura donc beaucoup de mal à en exporter sur les marchés laissés libres par la guerre en Ukraine (pays qui exportait de grandes de quantités de blé). Cela devrait aggraver la pénurie mondiale et renchérir les prix sur les marchés internationaux.
En outre, cette crise n'est peut-être qu'un début, à cause du réchauffement climatique. Selon les experts, de telles vagues de chaleur pourraient se reproduire, en Inde, dans les années à venir…