Inde : le grand pèlerinage du Gange malgré la Covid-19…

Le festival traditionnel de la Kumbha Mela se déroule actuellement en Inde. Habituellement, c'est le plus grand pèlerinage du Monde. Cette année, cependant, à cause du covid 19, le nombre de participants a été réduit tout en demeurant important. 

L'épidémie de covid est repartie à la hausse en Inde. Toutefois, les pèlerins affluent en grand nombre à Haridwar dans l’Etat d’Uttarakhand (Nord) pour la Kumbha Mela, ou festival de la cruche. D'ordinaire, il est considéré comme le plus grand pèlerinage au Monde. Mais cette année, le site est réservé aux personnes pouvant présenter un test négatif au coronavirus. D'autres mesures de sécurité ont été prises comme l’explique Sanjay Gunjyal, inspecteur général de la police d'Uttarakhand, en particulier dans la gestion des flux :

Nous avons divisé la ville en zones pour une gestion efficace et avons commencé à détourner la circulation. Nous avons également commencé à la détourner aux frontières de la ville

Sanjay Gunjyal, inspecteur général de la police d'Uttarakhand

 

Pour les ascètes ou les simples fidèles l’eau du Gange est plus forte que le coronavirus

 

Cependant, la distanciation sociale semble bien difficile à mettre en place. On l’a remarqué jeudi 11 mars, jour du Maha Shivaratri, dédié au Dieu Shiva. En particulier lors du grand bain dans le Gange.

Comme d'habitude, les Nagas Sâdhus inaugurent, nus, la baignade, sous une pluie de pétales. Ces ascètes hindous déambulent le corps couvert de cendres, symbole de mort et de renaissance, ainsi que de renoncement aux plaisirs du monde. Après eux viennent les autres fidèles, souvent précédés de gourous, et en groupes. Parmi les groupes originaux, il y a, par exemple, celui des transgenres.

Et cette année, malgré donc la promiscuité, personne ne craint le coronavirus. Chacun se pense protégé par l'eau du fleuve sacré. A l’image de Rajendra Saini un fidèle venu de Mumbai (Maharashtra) :

Je n'ai peur de rien. Le virus sera tué, grâce à la pureté de l'eau du Gange

Rajendra Saini

 

Santosh Patidar qui arrive du Madhya Pradesh est tout aussi convaincu :

La vérité ultime, c'est que le Gange lave toutes les impuretés de la mère patrie, l'Inde. Avec l'eau du Gange, le coronavirus sera également emporté

Santosh Patidar

 

Le bain pour le salut

 

Pour le fidèle, plonger dans l’eau du fleuve est surtout censé apporter le salut, via l'absolution des pêchés. Le liquide se transformerait en amrita, le nectar divin d’immortalité. Durant la Kumbha Mela les grands bains sont prévus lors de 4 dates auspicieuses. Plusieurs millions de personnes se sont donc baignées tout récemment. Certaines années, avant la pandémie de covid 19, on a pu en compter jusqu'à des dizaines de millions en une journée.

Outre le rituel des bains, le festival est aussi une véritable foire. De nombreuses activités, notamment spirituelles, sont proposées. L’édition 2021 se terminera fin avril.

Que représente la Kumbha Mela ?

 

La Kumbha Mela célèbre une victoire du bien sur le mal. Selon la légende hindoue, les démons auraient volé la cruche (Kumbha) d’amrita, le nectar d’immortalité qu’ils avaient élaboré en commun avec les dieux, en barattant la mer primordiale de lait. Ceux-ci leur ont repris le précieux liquide, au terme d’un combat qui a duré 12 journées divines (12 années). A cette occasion, alors que Vishnu emportait le récipient, des gouttes seraient tombées sur 4 lieux. Ils sont devenus 4 cités sacrées.

La grande Kumbha Mela se déroule donc 4 fois tous le 12 ans. Chacune des 4 villes saintes l’abrite à tour de rôle : Haridwar, Ujjain (Madhya Pradesh), Nashik (Maharastra) et Prayagraj (ex Allahabad, Uttar Pradesh).

Il y a aussi des Kumbha Melas intermédiaires moins importantes.

Depuis 2017, la Kumbha Mela est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité (UNESCO).