Journée mondiale contre le cancer : s'adapter à la maladie en entreprise

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Ce samedi 4 février, c'est la journée mondiale contre le cancer, première cause de mortalité dans le monde. Alors que la population est amenée à travailler jusqu'à un âge de plus en plus avancé, et que l'âge est un facteur de risque de cancer, comment les entreprises, et les employés, s'adaptent-ils face à cette maladie ? Eléments de réponse.

Comment poursuivre son activité professionnelle lorsqu'on se bat contre un cancer ? Ce 4 février, journée mondiale contre le cancer, nous avons rencontré Fabienne, 51 ans, à qui on a diagnostiqué un cancer du sein en juillet dernier. La quinquagénaire, qui exerce à la fois une activité salariée de gestionnaire de paie, et une activité de profession indépendante, est en arrêt de travail longue durée depuis le mois d'août, mais a décidé de reprendre le travail dans quelques jours, tout en continuant sa chimiothérapie. D'ailleurs, en ce qui concerne son activité professionnelle indépendante, elle ne l'a jamais arrêtée. 

"Une personne épanouie, même malade, donne le meilleur d'elle-même"

Pour elle, ce qui participe aussi à la décision de retourner ou non au travail, c'est "la volonté de la part de l'employeur de permettre au salarié de s'épanouir". Car, dit-elle, "une personne épanouie, même malade, travaille avec sa force et donne le meilleur d'elle-même à ce moment-là". "Il vaut mieux une personne dans une situation un peu handicapante mais avec une volonté de travailler, plutôt qu'une personne bien portante mais qui n'a pas envie de travailler", fait-elle remarquer. 

Une rémunération maintenue mais une retraite impactée

Malgré tout, elle reconnaît qu'il n'est pas facile de travailler lorsqu'on débute un traitement. Et pour cause : "On déstabilise l'employeur, on désorganise les services parfois". Lors de son arrêt maladie longue durée, elle a évidemment bénéficié du maintien d'un certain niveau de rémunération par le biais des IJSS (indemnités journalières de sécurité sociale), qui sont considérés comme des revenus de substitution et permettent donc le calcul des droits à la retraite. La situation impacte néanmoins le montant de cette retraite, calculé sur la base du salaire. 

Donner plus de souplesse aux salariés qui reviennent 

Certaines entreprises s'appliquent depuis quelques années à faire en sorte que le cancer ne soit plus un tabou, notamment en organisant de la prévention et de l'information en interne. Au Crédit agricole de La Réunion par exemple, Minh-Lan His, cadre, explique qu'une expérimentation est menée depuis l'an passé dans le cadre du projet national Cancer et Travail. 

"L'objectif était de tester des organisations inédites pour gérer performance et santé au travail dans le cadre d'un cancer. On a testé le "temps choisi" à la Caisse de La Réunion, pour permettre un peu plus de souplesse aux salariés quand ils reviennent. On en a tiré un certain nombre d'enseignements qui montrent qu'il y a des choses que l'entreprise peut faire, comme mettre en place des dispositifs au plus près des besoins de nos collaborateurs, et faire en sorte que leur carrière ne soit pas impactée par ces accidents de la vie", explique Minh-Lan His. 

La crainte d'être stigmatisé 

Pour autant, des freins existent encore, soulève-t-elle. "La grosse difficulté, c'est que c'est une maladie intimement personnelle, et un salarié n'a pas forcément envie d'en parler à son employeur. Je pense que certains salariés craignent le regard des autres, des managers, de leurs collègues, de l'employeur. Beaucoup de personnes ne souhaitent pas en parler parce qu'ils ne souhaitent pas être stigmatisés".