C'est malheureusement la première cause de mortalité des cétacés dans le monde : chaque année, on estime que 300 000 baleines, dauphins, orques, cachalots, bélugas, marsouins et autres meurent du fait d'une rencontre avec des engins de pêche.
Un problème majeur
C'est donc un problème majeur pour ces grands poissons, particulièrement "aux Etats-Unis où il y a beaucoup de pêche côtière avec des casiers de crabes et de homards, des lignes verticales dans lesquelles les cétacés s'enchevêtrent, mais aussi en Australie, en Afrique du Sud...", détaille Jean-Marc Gancille de l'association de protection des cétacés Globice.
Il y a aussi ces captures accidentelles, soit "ce que les pêcheurs remontent dans les filets maillants, notamment dans certaines parties du monde où ils remontent tout ce qu'ils peuvent attraper et notamment des cétacés", poursuit Jean-Marc Gancille.
14 cas entre 2007 et 2022
Heureusement, La Réunion reste relativement peu concernée. "On n'a pas ces techniques de pêche problématique. Mais tout peut arriver", explique celui qui est en charge de la communication de l'ONG. Et pour preuve : entre 2007 et 2022, 14 cas d'enchevêtrement dans des lignes de pêche ou des mouillages ont été répertoriés à La Réunion. Ils concernaient un dauphin long bec, cinq baleines à bosse, et de huit grands dauphins de l'Indo-Pacifique. Pas plus tard que l'année dernière, un baleineau s'était enchevêtré dans un mouillage de bateau, rappelle Globice.
D'autant qu'il y a "pas mal de filets fantômes, mais aussi des lignes de pêche qui sont tirées entre les coraux", et dans lesquels peuvent s'emmêler les dauphins et baleines près de nos côtes. "C'est quand même une quinzaine de cas, dont certains ont pu être fatals aux cétacés enroulés dans ces fils", achève Jean-Marc Gancille.
Une formation avec la Commission Baleinière internationale
Alors pour parer à toute éventualité, l'ONG a souhaité prendre les choses en main en partenariat avec la Commission Baleinière Internationale, et organiser une formation sur le désenchevêtrement des cétacés, puisque cet acte réclame des compétences spécifiques.
Des acteurs locaux susceptibles d'intervenir
Un spécialiste sud-africain Mike Meyer, en charge de la coordination de ces opérations sensibles sur la zone Afrique, est venu tout spécialement à La Réunion pour cette formation les 19 et 20 juin. Elle a rassemblé des acteurs locaux tels que les services de l'Etat, les autorités de police maritime, l'IFREMER, les TAAF, des intervenants du réseau Echouage et d'autres opérateurs privés. Ateliers pratiques et théoriques autour des techniques de désenchevêtrement leur ont été enseignées. Pour compléter cette formation, des référents iront prochainement en stage dans la zone.
Globice habilité à intervenir en cas d'enchevêtrement
"Ces personnes sont aujourd'hui reconnues par la Commission Baleinière et en cas de situation d'urgence, nous sommes habilités à les solliciter en fonction de l'état de la mer, des moyens pour intervenir", explique Jean-Marc Gancille. En effet, Globice, en tant que coordinateur du Réseau National Echouages, possède le matériel adéquat pour intervenir. L'ONG intègre donc le réseau international des structures identifiées pour intervenir en cas d'enchevêtrement.
Règle numéro 1 : ne pas se jeter à l'eau
A noter que la première règle à respecter est de ne surtout pas se jeter à l'eau pour venir en aide au cétacé pris au piège.
"Il faut se mettre en sécurité pour être vraiment en situation d'intervenir efficacement, et c'est généralement depuis un bateau. Ce sont des animaux sauvages qui pourraient nous voir comme des prédateurs, donc il ne faut jamais se mettre à l'eau et vraiment rester tranquille parce que ces situations sont extrêmement stressantes"
Jean-Marc Gancille, chargé de la communication de Globice