La communauté LGBT "en lieu sûr" dans les médiathèques du Tampon en cas d'agression ou de discrimination

Les personnels des médiathèques du Tampon seront bientôt formés à l'accueil des personnes victimes de discrimination ou d'agression
Depuis jeudi, toutes les médiathèques du Tampon affichent désormais l'autocollant "En lieu sûr" à leur entrée, de Bras Creux à la Châtoire, en passant par Bourg Murat. Un dispositif de l'association Flag! qui vise à accompagner les victimes d'agression ou de discrimination LGBTphobe.

C'était en février dernier. Le centre LGBT+ de l'association OriZon était cambriolé et en partie incendié, en plus des tags homophobes découverts dans le bâtiment installé depuis novembre 2021 dans le quartier de la Source, à Saint-Denis.

Des faits rappelant à quel point le combat mené contre toutes les formes de discriminations, et en particulier celles touchant à la communauté LGBT+ est important à La Réunion, comme ailleurs. Alors ce petit pas de plus fait dans le sens de la tolérance au Tampon ne peut qu'encourager.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Les médiathèques du Tampon sont désormais un lieu de refuge pour les victimes d'agression ou de discrimination

Un lieu de refuge en attendant les secours

Depuis ce jeudi 2 novembre, toutes les médiathèques de la commune sudiste arborent en effet un autocollant "En lieu sûr" à leur entrée. Comme l'explique Vanessa Ricoul, la présidente de l'association Flag, "toutes les victimes peuvent désormais trouver asile dans ces espaces de sécurité, quelle que soit la violence qui a été infligée, de la violences conjugale à l'acte LGBTphobe".

Le dispositif existe déjà dans l'Hexagone mais est complètement nouveau à La Réunion. Le Tampon est donc la première commune de l'île à s'associer dans ce projet avec l'association Flag!. Il s'agit de proposer "un endroit sûr, de bienveillance et d'écoute, dans l'attente de l'arivée des forces de l'ordre", ajoute Sophie Guillou, la  responsable des médiathèques du Tampon.

Depuis ce jeudi 2 novembre, toutes les médiathèques du Tampon affichent désormais l'autocollant "En lieu sûr" à leur entrée

Les médiathèques, et après ?

Si la municipalité a ouvert les portes de ses médiathèques à l'association Flag!, c'est notamment en raison de leurs horaires d'ouverture plus larges et de leur présence sur l'ensemble du territoire, "de Bourg Murat à la Chatoire en passant par Bras Creux".

Dans le cadre de la mise en place de ce nouvel outil, l'association Flag va accompagner et former les personnels à l'écoute et à l'accueil d'urgence. Outre les médiathèques, les épiceries de quartier ou encore les pharmacies peuvent également devenir des "lieux sûrs".

L'association Flag! est à l'initiative du dispositif "En lieu sûr"

La Défenseure des Droits Claire Hédon au Corah

Ce dispositif "En lieu sûr" fait partie des projets présentés ce vendredi 3 novembre à la préfecture de Saint-Denis, en présence de la Défenseure des Droits Claire Hédon, à l'occasion de la tenue du Corah, le comité opérationnel de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie.

Créé en 2016, ce comité composé de tous les acteurs institutionnels et associatifs du département fait le bilan des actions menés en matière de lutte contre les discriminations. "Tout n'est pas parfait. On ne peut pas se réjouir de tout mais on a un instrument et un collectif qui travaille ensemble", résume le préfet Jérôme Filippini.

L'hôtel de préfecture accueillait ce vendredi le Corah, le Comité opérationnel de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie, tenu en présence de la Défenseure des Droits Claire Hédon

Peu de signalements à La Réunion

"Le biotope réunionnais est un biotope de tolérance et de respect même si on voit que ça peut se dégrader à certains moments", rajoute le représentant de l'Etat. Claire Hédon indique elle-même recevoir très peu de signalements concernant les discriminations raciales ou homophobes.

Est-ce à dire pour autant que celles-ci n'existent pas dans l'île ? Bien sûr que non. Et pour la Défenseure des Droits, les plaintes ne seraient pas nombreuses parce que "les victimes ont souvent l'impression qu'elles n'ont pas forcément les preuves et qu'elles ont aussi peur des représailles".

Des efforts réalisés

Les associations restent néanmoins optimistes. "Sur une dizaine d'années de bénévolat, on se rend bien compte que c'est la nuit et le jour. Les efforts portent réellement leurs fruits", estime par exemple Xylric Lépinaux, le président de l'association Orizon.

"On s'aperçoit qu'au niveau des administrations, au niveau médical ou des écoles, il y a une vraie prise de conscience et une réaction", assure le porte-parole de la communauté LGBT+. Le Corah a aussi pour but d'établir une nouvelle feuille de route structurée autour d'un certain nombre de priorités.