La "loque américaine", une nouvelle maladie des abeilles détectée à La Réunion, des mesures de lutte mises en oeuvre

Voilà une nouvelle qui risque de semer l'inquiétude chez les apiculteurs réunionnais, qui se remettent tout juste du petit coléoptère, ravageur qui avait entraîné la destruction préventive de plusieurs de leurs ruches. 

Ce mardi 26 mars 2024, la préfecture de La Réunion a informé de la suspicion, depuis le 13 mars dernier, de présence de "loque américaine" sur un rucher de Saint-Denis. Les quatre ruchers de l'apiculteur concerné ont été mis sous surveillance, à Saint-Denis mais aussi au Tampon, à Saint-Pierre et à Saint-Joseph, à titre préventif.

Regarder le décryptage de Jean-Marc Colienne sur Réunion La 1ère : 

La présence de la bactérie confirmée

Des prélèvements officiels ont été effectués, et un arrêté préfectoral de mise sous surveillance a été publié.

Ce mardi 26 mars 2024, le laboratoire de l'Anses (agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire) auquel avait été envoyés les prélèvements a communiqué les résultats. Et avéré la présence de la bactérie Sporulante paenibacillus larvae, ou "loque américaine", dans les quatre ruchers de l'apiculteur.

Un rayon de protection et une zone complémentaire de surveillance autour des ruchers contaminés

Dans ce contexte, des mesures de lutte sont mises en oeuvre à compter de ce jour, informe la préfecture de La Réunion.

Deux arrêtés préfectoraux ont été publiés : l'un concernant les mesures de lutte à mettre en oeuvre par les apiculteurs contaminés par la loque américaine, l'autre concernant les mesures à appliquer pour les autres professionnels dans un rayon de 3 kilomètres, zone de protection, puis dans un rayon de 2 kilomètres supplémentaires, zone complémentaire de surveillance. 

Recensement des ruches et interdiction de mouvements

"Dans ces deux zones, la majorité des mesures consistent en des recensements des ruchers existants, ainsi que l’interdiction de tous mouvements : des ruches peuplées ou non d’abeilles, des reines, du matériel d’apiculture et des produits d’apiculture", précisent les autorités. 

En cas de suspicion, les ruchers de la zone de protection - soit dans les 3 kilomètres autour d'un rucher contaminé - seront visités par les services sanitaires, qui réaliseront des prélèvements en cas de suspicion. 

Baisse de l'activité et de la récolte, mort de la colonie

Cette maladie des abeilles touche le couvain (les nymphes, des larves et des œufs). Le couvain est contaminé par une bactérie, le Sporulante paenibacillus larvae, ce qui provoque une baisse de l'activité et de la récolte. 

La loque américaine peut causer la mort de la colonie, et ainsi des difficultés à fournir un nombre suffisant de jeunes ouvrières. Elle se propage rapidement aux colonies voisines.

Inoffensif pour l'Homme

En revanche, cette bactérie est inoffensive pour l'être humain, et le miel produit est tout à fait propre à la consommation.

La loque américaine est présente dans plusieurs régions du monde, y compris en Hexagone. 

"Il s’agit par ailleurs d’une pathologie animale diffuse à travers le monde, y compris dans certains pays de la zone Océan Indien élargi, dans l’Hexagone et dans certains pays de l’Europe continentale. Toutefois jusqu’à aujourd’hui, La Réunion en était réputée indemne".

Préfecture de La Réunion

Déclarer les ruches et les suspicions 

Dans cette situation, la préfecture de La Réunion demande aux apiculteurs, professionnels comme amateurs, de se faire connaître et de déclarer leurs ruches auprès des services de l'Etat. Il leur est également demandé de déclarer les éventuelles suspicions de contaminations par la loque américaine. 

Interdictions d'importation et d'exportation d'abeilles et de matériel

La préfecture rappelle aussi l'interdiction d'importation et d'exportation à La Réunion ou vers les territoires de l'Union européenne, d'abeilles, de sous-produits apicoles non-transformés, ou d'équipement et de matériel apicole. 

Les recommandations de la préfecture de La Réunion ci-dessous : 

Si je suis apiculteur professionnel ou amateur, je dois déclarer ma ou mes ruches

Les apiculteurs professionnels ou amateurs, détenant au moins une ruche, doivent obligatoirement déclarer leurs rucher. Cette déclaration annuelle s’effectue sur l’application Téléruchers : https://www.mesdemarches.agriculture.gouv.fr/demarches/particulier/effectuer-une-declaration-55/article/declarer-des-ruches

Dans les zones de protection et de surveillance, les apiculteurs professionnels ou amateurs, doivent, lorsqu’ils n’ont pas effectué les déclarations obligatoires, se rapprocher de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (pspae.daaf974@agriculture.gouv.fr) pour régulariser de leur situation déclarative.

Si je suis apiculteur professionnel ou amateur, je dois déclarer toute suspicion de la maladie

Tout apiculteur qui détecte la présence de la loque américaine ou qui en suspecte la présence dans son rucher doit immédiatement le signaler à son vétérinaire, au groupement de défense sanitaire de La Réunion (organisme à vocation sanitaire) et aux représentants de sa profession.

Des interdictions d’importation et d’exportation restent applicables

L’interdiction, émise par l’Union européenne, d’exportation sous toute forme vers les territoires de l’Union y compris l’Hexagone et les autres départements et région d’Outre-mer, des abeilles mellifères, bourdons, sous-produits apicoles non transformés, équipement apicole, produits apicoles en rayons destinés à la consommation humaine reste d’actualité.

En parallèle, tel que le prévoit l’arrêté préfectoral du 24 mars 2016, il est strictement interdit d’importer ou d’introduire à La Réunion, quel qu’en soit le moyen et y compris dans les bagages des passagers aériens ou maritimes : matériel apicole ayant servi à l’exploitation d’un rucher, miel et pollen à visée de nourrissement ou de complémentation alimentaire des colonies d’abeilles, cires d’abeilles ayant servie à l’exploitation d’un rucher, abeilles vivantes ou mortes du genre Apis.