Le djihadiste réunionnais expulsé de Turquie a été mis en examen et écroué

Parti de La Réunion en 2014, Anthony M. a été expulsé lundi de Turquie vers la France dans le cadre du "protocole Cazeneuve". D’abord placé en garde à vue à son arrivée, il a été mis en examen et écroué vendredi.

Le Figaro dévoilait hier, vendredi 12 février, le placement en garde à vue du djihadiste réunionnais Anthony M. suite à son expulsion de Turquie vers la France lundi dernier. Il était parti de son domicile de Saint-Denis de La Réunion pour la zone irako-syrienne avec son épouse en 2014.

Son expulsion de Turquie s’est déroulée dans le cadre d’un accord de coopération, le "protocole Cazeneuve", signé en 2014 par les deux pays pour organiser le retour des djihadistes français aux mains des autorités turques. Depuis 2014, plus de 250 personnes ont été renvoyées en France depuis la Turquie en vertu du "protocole Cazeneuve".

Mise en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle"

Ce samedi 13 février, on apprend qu’au terme de 4 jours de garde à vue dans les locaux de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure, Anthony M. a été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Il a été placé en détention provisoire.

La mise en examen concerne la période 2016-2019, mais le djihadiste réunionnais a déjà fait l’objet d’investigations pour la période 2014-2016. Il devait être jugé prochainement aux assises en son absence. " Les deux volets de l’affaire seront joints et jugés ensemble ", indique une source.

Un " profil de combattant "

C’est un profil de combattant " car " il est resté longtemps sur zone " et " on a documenté " sur lui " des manipulations d’armes " et " la participation à des exactions ", affirment des sources proches du dossier.

Selon ces mêmes sources, " il est passé par plusieurs groupes djihadistes dans le nord-ouest syrien, notamment dans la katiba d’Omar Diaby ", alias Omar Omsen. Ce dernier est soupçonné d’avoir convaincu de nombreux Français de rejoindre la Syrie pendant les "grandes heures"  du califat auto-proclamé du groupe Etat islamique, de 2014 à 2019.

Anthony M. a été arrêté en Turquie en 2019, laissant derrière lui sa femme et ses enfants dans la zone irako-syrienne. Il a " minoré son rôle et contesté avoir combattu mais des éléments de l’enquête le contredisent ", selon une autre source proche du dossier.

Une filière djihadiste réunionnaise

En juin 2015, une filière djihadiste est démantelée à La Réunion, soit quelques mois après le départ dans la zone irako-syrienne d’Anthony M. Cette filière, dont il faisait partie, était la première en outre-mer.

Elle était dirigée par le Réunionnais Naïl Varatchia, un prédicateur salafiste de 21 ans à l’époque, surnommé l’ "Egyptien" en raison de ses voyages dans ce pays, accusé d’avoir incité plusieurs jeunes à partir faire le Djihad en Syrie. Un de ces jeunes a été tué en Irak. Naïl Varatchia a été condamné en 2018 à 8 ans de prison pour association de malfaiteurs en vue d’une entreprise à caractère terroriste.

Juridiquement, il a existé une filière de recrutement et d’acheminement qui a contribué au départ de plus d’une dizaine d’individus, explique Jean-Charles Brisard, le président du centre d’analyse du terrorisme. Par ailleurs, il y a eu des départs isolés, individuellement ou en couple. Plusieurs dizaines de personnes sont parties de La Réunion. Mais il s’agit d’un phénomène national, qu’on retrouve dans plusieurs départements, précise-t-il.

Djihadiste réunionnais mis en examen et écroué : itw Jean-Charles Brisard ©Réunion la 1ère