Les consommateurs ont pu s'en procurer légalement ces derniers mois, mais il est désormais classé comme stupéfiant par l'Agence du médicament (ANSM) : depuis ce mardi 13 juin 2023, le ministère de la Santé interdit la vente et la consommation en France du HHC, ou hexahydrocannabinol.
Pointé du doigt, le risque de dépendance de ce cannabinoïde, dont les effets relaxants se rapprochaient davantage du cannabis traditionnel que du CBD, molécule non-psychotrope et limité à 0,3% de THC.
Des produits au HHC sous toutes les formes
Les consommateurs avaient pourtant pris l'habitude d'en acheter auprès des revendeurs de CBD, puisque la vente était jusqu'ici autorisée, que ce soit sous forme d'huile, de résine, de fleurs...
Alors depuis l'annonce lundi par le ministre de la Santé de l'interdiction du HHC, il a fallu s'organiser pour écouler les stocks. Lors des dernières heures autorisées à la vente, certains n'ont pas hésité à proposer des offres promotionnelles sur les produits contenant la molécule avant l'entrée en vigueur de l'interdiction.
"Une énorme hypocrisie"
Ce gérant d'un site de revente en ligne de CBD affirme lui ne rien avoir jeté ni détruit, mais a préféré "utiliser le plus naturellement possible" ce qu'il lui restait. Pour Pierre Fourcade, le classement de cette molécule comme dangereuse constitue "une énorme hypocrisie". "Depuis 2020, la plupart des revendeurs ont proposé des fleurs au taux rabaissés par des systèmes d'alcool ou de gaz pas forcément bons", estime-t-il.
Un manque à gagner pour les revendeurs spécialisés
Pour les revendeurs, l'interdiction de ce cannabinoïde un temps légal va assurément créer un manque à gagner.
"Une partie des clients cherchait à se rapprocher des effets du cannabis traditionnel, ça a pris de la place sur le marché. C'est plus planant", observe Pierre Fourcade. Ces derniers mois, le gérant de ce site de revente en ligne de CBD tirait jusqu'à 30% de son chiffre d'affaires des produits au HHC.
Un marché très concurrentiel
La raison ? Vendre uniquement du CBD sur ce marché concurrentiel est devenu compliqué, explique-t-il. A La Réunion, les revendeurs sont partout : dans les stations-services, les bureaux de tabac, et même sur des "pages personnelles Facebook de gens qui font ça sous le manteau", souligne-t-il.
Il faut dire aussi que les prix des produits au CBD n'ont fait que baisser dernièrement.
"Quand j'ai commencé début 2020, le CBD se vendait très cher, mais aujourd'hui il y a énormément de concurrence avec des producteurs, en Italie, en Suisse, qui proposent des prix défiant toute concurrence. Aujourd'hui on commence à pouvoir trouver des kilos de CBD à partir de 300 euros, ça devient complètement fou, alors qu'il y a encore trois ans on n'en trouvait pas au-dessous de 2000 euros"
Pierre Fourcade, gérant de Run CBD Shop
De nouvelles molécules légales
Désormais, il faudra compter sur de nouveaux produits pour satisfaire la clientèle à la recherche d'autre chose que le CBD, la molécule non-psychotrope du cannabis, qui a été légalisé sous toutes ses formes en France depuis décembre dernier, après des mois de flou juridique.
Les revendeurs ont déjà une idée de ce qui remplacera le HHC : ils misent maintenant sur le H4-CBD, ou cannabidiol hydrogéné, un nouveau dérivé du cannabis au pouvoir cent fois plus décontractant que le CBD.