Les automobilistes réunionnais applaudissent la fin du retrait de point pour petits excès de vitesse, mais pas la Ligue contre la violence routière

Pour la Ligue contre la violence routière, c'est "aberrant".
Comme annoncé en avril, les excès de vitesse inférieurs à 5km/h ne seront plus punis de retrait de point. L'amende elle, reste. La mesure sera appliquée dès le 1er janvier prochain. Selon la Ligue contre la violence routière, cette tolérance est un mauvais message envoyé aux conducteurs. Ces derniers eux, voient plutôt cette évolution d'un bon oeil.

Au mois d'avril dernier, le gouvernement annonçait la fin du retrait de point sur le permis de conduire suite à un "petit" excès de vitesse, soit inférieur à 5km/h. La mesure a été officialisée cette semaine, fixée dans la loi par un décret publié au Journal officiel le 8 décembre 2023. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

C'est officiel, dès le 1er janvier 2024, les petits excès de vitesse n'entraîneront plus de retrait de point. ©Réunion la 1ère

Pour rappel, seule la perte de point sur le permis de conduire disparaît ; l'amende forfaitaire de 68 à 135 euros elle, reste d'actualité pour sanctionner ces dépassements de moins de 5km/h par rapport à la vitesse autorisée. 

"Vaut mieux nou paye nout l'amende"

Pour les automobilistes, rares sont ceux qui s'en plaignent, parmi ceux interrogés. "Pou 1km/h en plus i bez a ou un point. Si té enlève les deux té bien, le point et l'amende !", souhaite Stéphane, conducteur qui, à choisir, préfère encore payer l'amende. Un autre automobiliste, Rayan, partage la même opinion. "Vaut mieux nou paye nout l'amende mais nout permis i ress là. Koméla la vie fini arrive trop cher mi crois pas de moun va abuser", estime-t-il. 

"Arrêter d'infantiliser les gens" 

Michel lui, applaudit des deux mains cette évolution législative. "Je pense qu'il faut arrêter d'infantiliser les gens, surtout quand on voit comment sont positionnés les panneaux de limitation de vitesse. C'est un budget les PV, et les points un vrai problème. Je pense que les gens ne sont pas tous des fraudeurs, ils ont des vies et parfois il faut la leur simplifier", s'exprime-t-il.

"Une contradiction"

Mais du côté des associations, elles n'en démordent pas : la mesure est un non-sens. Pour la Ligue contre la violence routière de La Réunion, la position du gouvernement est "aberrante".

"Cette mesure est un choix délibéré du gouvernement qui argue que les gens ont besoin de leurs points pour aller travailler. On les autorise à enfreindre le cadre réglementaire, et l'Etat encaisse. Mais les gens n'ont-ils pas besoin de leur argent ? C'est là où il y a contradiction pour nous. Si les gens ont besoin de leur permis pour aller travailler, qu'ils respectent le Code de la route" 

Magalie Cesbron représentante de la Ligue contre les violences routières de La Réunion

Trop d'indulgence ?

A autoriser ainsi les conducteurs à frôler les limites, en sachant que les radars ont déjà un seuil de tolérance, fait valoir Magalie Cesbron, "on augmente les risques d'accidents sur la route". Car, selon la représentante de la Ligue contre la violence routière, aujourd'hui, "on peut rouler à 10km au-dessus de la vitesse autorisée sans se faire avoir, (...) et renverser quelqu'un à 70km/h et à 80 km/h ça ne fait pas les mêmes dégâts". 

Elle aurait jugé plus pertinent et surtout "pédagogue" de mettre fin à la suppression du point sur le permis de conduire, plutôt que de l'amende.

"Si son permis c'est son outil de travail, on y fait attention".

Magalie Cesbron, Ligue contre la violence routière

Une mesure en vigueur le 1er janvier 2024

En attendant, le texte a été publié au Journal officiel, et entrera en vigueur au 1er janvier 2024. Plus vraiment moyen de faire reculer l'Etat pour les associations de sécurité routière. Alors, le moindre mal, souligne la Ligue contre les violences routières, serait alors de reverser le montant des amendes aux structures qui viennent en aide aux victimes de la route... 

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, les excès de vitesse inférieurs à 5km/h contrôlés par des radars représentaient en 2020 58% des 12,5 millions de contraventions liées à la vitesse.