Alors que les saisies de cocaïne ont atteint un niveau record en France en 2024 avec 47 tonnes saisies et que plus d'un million de Français ont reconnu en avoir consommé en 2023, La Réunion n'échappe définitivement plus au phénomène.
Ce "tsunami blanc", avec une production mondiale qui n'a jamais été aussi élevée, a bien atteint l'île. En témoigne l'augmentation "exponentielle" des quantités saisies en 2024.
Regardez le reportage de Réunion la 1ère :
50 kg de cocaïne en 2024
"Depuis la fin de la crise sanitaire, on a une évolution tendancielle d'augmentation des saisies de stupéfiants et notamment des drogues dures" confirme Nicolas Le Gall, le directeur régional des douanes de La Réunion. "C'est le cas pour la cocaïne, les drogues de synthèse mais aussi les saisies de résine de cannabis qui connaissent une augmentation très importante."
Ainsi, ce sont plus de 50 kg cocaïne qui ont été interceptés en 2024, contre 30 kg en 2023 et 16 en 2022. Même hausse notable pour l'ecstasy avec 172 000 cachets saisis en 2024 contre 76 000 l'année précédente. Concernant la résine de cannabis, on est passé de 196 kg en 2023 à plus de 500 kg en 2024.
"Tsunami blanc"
Une hausse des saisies qui traduit vraisemblablement une hausse de la consommation locale, alors que la marchandise qui arrive à La Réunion n'est pas destinée à rebondir vers une autre destination.
"S'agissant de la cocaïne, c'est un phénomène mondial, un "tsunami blanc" qui touche aussi à La Réunion", reprend le directeur régional. "Ce type de produit est consommé de façon de plus en plus importante, même si les quantités peuvent sembler réduites par rapport aux chiffres de la métropole", souligne-t-il.
Des profils qui évoluent
Outre le fret postal, le phénomène des "mules" continue de s'installer, avec 23 personnes interpellées en 2024, dont 11 transportaient la marchandise "in corpore". C'était 21 arrestations l'année précédente, pour 7 "in corpore".
Avec des passeurs de plus en plus en jeunes, parfois mineurs comme en témoigne une récente affaire. "Les profils évoluent, c'est assez inquiétant", observe Nicolas Le Gall.
Lundi 13 janvier, ce sont encore trois jeunes femmes qui ont été interpellées à leur descente d'avion à Gillot en possession de deux kg de cocaïne, un kg de MDMA et 30 kg de résine de cannabis, d'une valeur approchant le million d'euros à la revente.
Un radar mobile au Port en 2025
L'importation par voie maritime reste pour l'instant limitée semble-t-il, même si les douaniers redoublent là aussi de vigilance. "En 2025, nous serons équipés d'un radar mobile qui permettra de contrôler les conteneurs avec une levée de doute beaucoup plus rapide", prévient le directeur des douanes.
Reste que cette augmentation notable des saisies, en particulier de cocaïne, inquiète les autorités sanitaires qui ont lancé pour la première fois en 2024 au niveau local une campagne ciblée de sensibilisation aux dangers de la consommation de cocaïne.
"Dépendances majeures"
"C'est une consommation devenue commune, et il faut alerter la population car elle peut générer des dépendances majeures avec des démarches de sevrage difficiles", prévient le Dr David Mété, chef du service addictologie au CHU de La Réunion.
"Nous craignons l'extension de la consommation de cocaïne et de crack comme aux Antilles. Nous avons les conditions sociales difficiles pour que cette consommation s'installe et entraîne des dommages sociaux plus important encore"
Dr David Mété, chef du service addictologie au CHU de La Réunion
Une consommation de produits qui s'accompagne d'un risque de transmission de maladies à travers le partage des instruments de consommation comme les pailles.