Le classement annuel de la liberté de la presse dans le monde est un indicateur plus général du respect des droits des citoyens. Cette photographie serait incomplète sans l'analyse des responsables de Reporter Sans Frontière (RSF).
En 2022, Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF, écrit : "Le Classement mondial de la liberté de la presse, qui évalue les conditions d’exercice du journalisme dans 180 pays et territoires, démontre les effets désastreux du chaos informationnel (un espace numérique globalisé et dérégulé, qui favorise les fausses informations et la propagande). Dans les sociétés démocratiques, le développement de médias d’opinion sur le modèle de Fox News et la banalisation des circuits de désinformation, amplifiée par le fonctionnement des réseaux sociaux, provoquent un accroissement des clivages".
La France passe la 31e à la 26e place. En 2002, l'hexagone était au onzième rang.
Madagascar perd quarante-et-une places
La Grande île est la mauvaise élève de la zone océan Indien. Elle passe de la 57e place en 2021, à la 98e. Ce déclassement est dû à plusieurs paramètres. Sur le plan institutionnel, RSF ne pouvait pas occulter la tentative de fermeture de plusieurs médias qui ont osé critiquer l'exécutif.
Les difficultés économiques impactent également la probité des journalistes. Pour pouvoir vivre, ils sont souvent obligés de faire : "des petits boulots et se retrouvent en situation de conflit d'intérêt".
L'île Maurice est également en baisse. Trois places ont été perdues en 2022 (64e au lieu du 61eme rang). Ce recul s'explique par un contexte économique difficile. Les propriétaires de médias demandent aux rédactions : "une couverture clémente de la politique gouvernementale afin de ne pas impacter les intérêts".
Pas d'amélioration aux Maldives qui passe de la 72e place à la 87ème. Les quelques avancées enregistrées en 2021 ont vite été jetées aux orties. En 2022, note RSF : "Les directeurs d’édition reçoivent des instructions directes pour supprimer un article qui déplaît ou pour ne pas couvrir un sujet sensible."
Les Seychelles, le bon élève
L'archipel des Seychelles est au 13ème rang mondial (NDLR : premier pays du continent africain). Ce classement s'explique aisément : "Le pluralisme des médias, la diversité des opinions et la capacité à aborder les grands enjeux se développent aux Seychelles depuis une dizaine d'années. Une dizaine de médias opèrent dans l'archipel. Le groupe de diffusion publique SBC est le plus populaire et comprend deux chaînes de télévision et deux stations de radio, ainsi qu'un accès à de nombreux contenus internationaux."
La liberté de la presse est garantie par la constitution et la diffamation a été dépénalisée en 2021. En fait, depuis 2014, l'Association des médias des Seychelles est chargée de défendre les journalistes et la liberté de la presse.
Notons, le gain d'une place pour les Comores. L'archipel est 83ème sur 180 pays. L'an dernier, un ministre n'a pas hésité à menacer les journalistes : "Lors de sa prise de fonction, en 2021, le ministre des Finances avait menacé d’avoir recours à des “hommes de main” pour “mettre en pièces” les journalistes qui le critiqueraient," note RSF.