«Loin, si loin. Les Réunionnais de la Creuse», une coproduction France 3 Nouvelle-Aquitaine et Réunion 1ère

L’émission fait  le point sur les avancées d’une affaire qui concerne au moins 2152 enfants Réunionnais envoyés en métropole de 1962 à 1982 par les services sociaux dans 64 départements en France, en plus grand nombre dans la Creuse.
Ces chiffres sont publiés par la Commission nationale d’information et de recherche historique mise en place en février 2016, après la reconnaissance en 2014 par l’Assemblée nationale de la responsabilité de l’Etat dans cette migration forcée des enfants de la Creuse.
 
L’émission débute par la fiction «  A court d’enfant », tournée par la réalisatrice Marie-Hélène Roux. Elle retrace le destin tragique d’un frère et d’une sœur nés à Cilaos, qui se retrouvent  en Creuse.

La projection est suivie d’un débat avec :
  • des Réunionnais de la  Creuse,
  •  Virginie Adanspon, membre de la commission de suivi des mesures annoncées pour accompagner ces personnes à la recherche de leur passé,
  • Marie Michelle Bourrat, psychiatre
  • Germaine Virmoux, une employée du foyer, témoin de la situation que subissaient les jeunes à cette époque
  • Pascal Coussy journaliste, auteur d’un documentaire et de reportages sur cette affaire.
Un débat marqué par l’émotion provoquée par la projection du documentaire de Marie-Hélène Roux et par l’évocation, par les Réunionnais de la Creuse, de leur passé plus ou moins tragique. 

Pourquoi autant de Réunionnais en Creuse ?

L’émission a répondu  en partie à la question.
Il faut savoir que le Directeur de la DASS était en poste à La Réunion avant d’arriver en Creuse. Il avait une relation amoureuse avec une jeune réunionnaise qui allait convoyer de Saint-Denis à Guéret, plusieurs centaines de Réunionnais. 
Une façon pour le couple de se rencontrer fréquemment, à une époque où les prix des billets d’avion étaient très élevés, puisque tous les voyages étaient pris en charge par le Bumidom. 

Une situation qui révoltait Alix Hoair, directeur du Foyer de l’enfance de Guéret pendant 23 mois, de juillet 1969 à juin 1971, et que Germaine Roux confirme sur le plateau de l’émission.
A cette époque, 90% des jeunes du foyer étaient des Réunionnais.

Comment qualifier ces Réunionnais?
 
Autre avancée dans cette affaire, comment qualifier ces Réunionnais à la recherche de leur passé : exilés,  déracinés, transplantés? … La psychiatre Marie Michelle Bourrat propose le terme de « déplacés ». 
Ces enfants et pré adolescents ont été éloignés de leur île et de leur famille pour des raisons qu’ils jugent incompréhensibles. Ils ont été plongés dans un univers totalement inconnu, et très brutal pour certains d’entre eux.

Et maintenant ?
 
Les premières mesures annoncées en février 2017 par la députée Ericka Bareigts en faveur des « déplacés » de la Réunion vers les 64 départements en France : la prise en charge d’un billet d’avion pour ceux qui veulent aller sur place consulter leur dossier, retrouver un membre de la famille, et un accompagnement psychologique. 
Ce dernier point est absolument nécessaire selon Marie Michelle Bourrat devant le choc que peuvent provoquer les éléments contenus dans les dossiers.
Sans parler des retrouvailles qui pourraient se passer différemment de que ce l’on a imaginé.

Valérie Andanson a retrouvé son père, âgé aujourd’hui de 80 ans, elle dit sur le plateau à la fois son désir de le rencontrer en décembre prochain à La Réunion, et son appréhension.
 
Un groupe de Réunionnais de la Creuse arrivera à La Réunion en octobre, un premier voyage financé grâce  aux mesures annoncées en février 2017.  Simon A-Pois qui coordonne ce déplacement, n’a pas encore tout bouclé : « Nous avons le financement des billets, du séjour sur place, reste le déplacement en bus de Guéret à Orly, et retour. » 

Que reste-t-il à faire ?

Pascal Coussy, journaliste à France 3, souligne que beaucoup a été fait pour  dénouer cette affaire, restée longtemps un tabou, mais que le travail  n’est pas terminé. 
En effet, la Commission nationale d’information et de recherche historique a révélé que dès 1948 face à l’explosion démographique annoncée,  « l’exportation d’une partie de la population » était une mesure envisagée. 
Celle-ci va trouver une première mise en œuvre dans l’expérience menée à la Sakay à Madagascar au début des années 50.  Des Réunionnais, qui après le refroidissement des relations entre la France et la Grande Ile, vont devoir abandonner leurs exploitations, pour la Guyane.

Une autre illustration : les jeunes et les adultes en recherche d’emplois et de formations, seront plus de 2000 chaque année, de 1963 à 1981, à s’envoler pour Paris.
Sur la présentation d’une promesse d’embauche ou de formation, le Bumidom fournissait à l’époque un aller simple sur la Métropole.

Et puis il y a les enfants Réunionnais « déplacés » dans 64 départements, avec la différence,  qu’ils n’étaient pas volontaires, et que les services sociaux mentaient à leurs parents…
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L’émission, enregistrée à la médiathèque de Guéret, est une coproduction de France 3 Nouvelle Aquitaine et de Réunion 1ère. Présentée et animée par Alexandra Filliot et moi-même.

Elle a été diffusée le 25 juin sur Réunion 1ère et  le 6 juillet sur France 3 Nouvelle Aquitaine.

Voici la partie débat de cette émission :


Les photos prises lors de l'enregistrement de l'émission à la médiathèque de Guéret.