Les villageois luttent contre le feu à mains nues, avec pour seule arme des seaux d'eau, quelques branchages et un infini courage, pour sauver leur forêt. Jeudi, de 8h à 19h, avec les agents du parc, ils ont tenté en vain de contenir les flammes. La nuit tombant, ils ont dû renoncer. Des dizaines d'hectares de forêt sont calcinés. 90%, des 150 hectares de la zone reboisés, sont en cendre.
Des donateurs anonymes et des ONG (Organisation Non-Gouvernementale) avaient permis de redonner vie à cette zone, déjà incendiée en 2018. Trois années de travail qui sont parties en fumée.
La semaine dernière, le Pr Jonah Ratsimbazafy, président du Groupe d’Étude et de Recherche sur les Primates et non moins président de la Société Internationale de Primatologie (SIP) alertait ses congénères malgaches sur le risque pour leur propre vie, s'ils continuent à détruite les forêts. Il précisait à Midi-Madagascar : "Si nous continuons ainsi, nous n’aurons plus de forêts dans 30 ans", lance le primatologue. "30 ans, c’est demain et pour éviter que cela n’arrive, il faut prendre des décisions fermes et le plus tôt sera le mieux."
8 000 hectares déjà incendiés
Entre le bois de chauffage, la technique du brûlis pour rendre les sols cultivables et le braconnage sont autant de maux difficiles à éradiquer. Les responsables de ces destructions environnementales n'ont pas tous conscience de leurs actes.
Pour beaucoup, c'est juste des gestes qu'ils répliquent comme leurs parents avants eux, etc. D'autres ont conscience des conséquences, mais ils tentent juste de survivre. Ils fabriquent du charbon de bois en brûlant les arbres. Généralement, ils maîtrisent le foyer et parfois, le feu leur échappe. Enfin, il y a les braconniers, ils n'hésitent pas à dévaster l'environnement pour du bois de rose, des tortues ou des lémuriens.
C'est une tâche herculéenne pour sauver Madagascar du pillage institutionnalisé. L'urgence est partout. La semaine dernière, les autorités ont appris que 8 000 hectares de la réserve de Baie de Baly à Soalala ont été réduits en cendre, nous apprend Madagascar-Tribune.
Des feux à L'Est, à l'Ouest au centre
Les satellites qui survolent l'océan indien ne se cantonnent plus à l'observation des nuages. Désormais, ils sont en mesure d'analyser la qualité de l'air et les potentiels feux de forêts. La carte de Madagascar, en ce moment est édifiante !
"Les points de feux sont concentrés sur l'Ouest, mais aucune région n'est épargnée", confirme à L'Express de Madagascar, les services météorologiques qui relèvent des foyers dans l'Est, au centre de l'île, et même dans le Sud.
Le ministère de l'Environnement confirme la gravité de la situation. Un technicien précise qu'en 2021, plus de 4 millions d'hectares de superficies ont été brûlées. Les techniciens qui interviennent dans les villages tentent de dissuader les agriculteurs de recourir au brûlis, mais chaque agent est en charge du contrôle de 25 000 hectares, soit un peu plus que la commune de Saint-Paul.