Samedi dernier, les étudiants de Tuléar ont manifesté pour obtenir le versement de leurs bourses d'étude. Trente personnes ont été interpellées par les forces de l'ordre lors d'affrontements. Les suspects ne sont pas tous des universitaires. Il y a de nombreux tireurs de pousse-pousse.
Des étudiants de l'université Maninday à Tuléar, grande-ville du Sud-Ouest de Madagascar, ont manifesté, ce samedi 27 février 2021. Comme à Tananarive, excédés d'attendre le versement de leurs bourses d'étude, ils sont descendus dans les rues. Ils demandent le versement de la bourse, mais aussi de l'allocation d'équipement. Certains vivent et dorment dans des pièces sans matelas, ni chaise, ni bureau depuis la reprise des cours, il y a un mois.
Excédés par l'attente et l'absence de réponse, les étudiants ont quitté le campus pour faire entendre leur désarroi. Ce mouvement de foule a été mis à profit par des Vandales pour piller des magasins, précise Madagascar-Tribune. Les gendarmes sont intervenus et ont procédé à une trentaine d'interpellations. En garde à vue, ils ont constaté qu'ils avaient, parmi les suspects, quelques étudiants et de nombreux tireurs de pousse-pousse. Ces taxis, humains, tractent à la force de leurs jambes les chariots dans lesquels s'installent les touristes.
Des jets de pierres de deux camps
Difficile de savoir qui est réellement responsable, et de quoi, lors des affrontements. Des étudiants ont jeté des pierres vers les forces de l'ordre, mais des commerçants ont également pris pour cible le défilé. Des associations villageoises, les "andrimasom-pokonolona" expliquent avoir lancé des cailloux pour protéger leurs activités et leurs villes contre les éventuels pilleurs à l’origine des échauffourées.
Ces incidents ont contraint le gouvernement à réagir en urgence. Le ministre de la jeunesse et des Sports, originaire de Tuléar, et le député de la région ont rencontré les manifestants. Ils ont promis le versement des bourses et des allocations d'équipement très rapidement. Les étudiants ont entendu les dirigeants politiques. Ils ont expliqué qu'ils restaient en attente de l'obtention des sommes dues.
Les tireurs de pousse-pousse n'ont pas eu de revenus, pendant les semaines de confinement. Ils se sont révoltés dans plusieurs villes de Madagascar, mais pas à Tuléar. Ces exclus passent souvent loin des radars de l'actualité, alors que d'autres professions "indépendantes" (la prostitution) ont perçu des aides financières, lire L'Express de Madagascar du 27 mars 2020.