Un polo à capuche et un short déjà élimé pour unique "richesse". Mario, 12 ans, est l'un des 12 000 enfants qui vit dans les rues de la capitale : "Je suis né dans la rue et je continue d'y vivre. Je mendie et des fois, je collecte les ordures des magasins pour me faire un peu d'argent et me payer à manger", confit-il à L'Express de Madagascar.
Le père Pedro et toutes les ONG se battent quotidiennement pour atténuer les conséquences de la misère qui touche la Grande île, mais comme Sisyphe chaque jour, ils doivent redescendre au pied de la montagne pour tenter de remonter ce rocher.
Mario est l'une des particules de cette énorme pierre. Comme tous les enfants du monde, il espère et rêve.
Soigner les autres, devenir médecin
La nuit, il trouve un pas-de-porte de magasin, se roule dans sa couverture et tente de dormir. Il s'allonge vers 22h et se lève dès 4h : "Si nous tardons, les propriétaires des boutiques, nous versent de l'eau froide sur la tête". Inutile de dire que cette sanction marque les esprits. L'hiver à Tananarive, le thermomètre oscille entre 16 et 17 °C.
Il est à l'école jusqu'en 9e (CE2) : "J'étais élève dans l'EPP d'Antanimbarinandriana, mais mes parents n'ont plus eu les moyens de m'inscrire. Depuis, je cherche de l'argent et je travaille dans les rues pour subvenir à mes propres besoins".
Il rêve de retrouver les bancs de l'école : "Je souhaite devenir médecin quand je serais grand. Ce qui me passionne, c'est de soigner les gens et d'apporter du réconfort à ceux qui sont pauvres comme moi".
Des proies faciles
Les associations malgaches et internationales se démultiplient pour apporter le minimum, mais avec la crise sanitaire et économique, ils sont toujours plus nombreux. Les familles quittent leurs villages pour trouver de quoi manger. Elles se réfugient dans les villes. Les enfants finissent par être abandonnés : "On a répertorié 12 000 enfants dans les rues de la capitale en 2018. Le nombre n'a pas cessé d'augmenter", explique Ando Mampionona Nomenjanahary, présidente de la plateforme de la société civile pour l'enfance.
Cette organisation constituée de bénévoles tente de sortir de la rue 1 600 enfants, mais les actions dépendent des moyens. Depuis le 12 février 2022, le thème est : "Je suis un enfant de la rue, je souhaite être protégé".