Marseille : la médiathèque Salim Hatubou, poète comorien, ouvre ses portes

La ville de Marseille a inauguré, ce mardi 20 octobre 2020, la médiathèque Salim-Hatubou. Cet espace culturel de 900 mètres carrés, installé sur le plateau du Plan-d'Aou, porte le nom du poète Franco-comorien disparu en 2015. L'écrivain s'inspirait des contes traditionnels de son archipel.

La médiathèque Salim-Hatubou, du nom du poète Franco-Comorien a été inaugurée, ce mardi 20 octobre, au Plan-d'Aour écrit madeinmarseille.net.
La Bonne-Mère, son stade de foot, son équipe, son rappeur Soprano et sa communauté comorienne sont indissociables de cette ville unique.
Depuis des siècles, "Massilia" est une porte ouverte sur le monde.
Le pourtour médittérranéen fût longtemps l'horizon de la ville, mais le temps passant, les voyageurs sont venus de plus loin. Ils ont transmis à la cité phocéenne, sa diversité, son bouillon de cultures à l'image de Salim-Hatubou.

Le poète Franco-Comorien est nettement moins connu que son "cousin rappeur", Soprano, mais comme lui, il a puisé son écriture dans ses racines. Les Comores, comme de nombreux pays africains ont conservé la transmission orale. L'écrivain a été initié à cette tradition ancestrale par sa grand-mère. A l'âge de dix ans, il quitte l'océan indien pour rejoindre son père, militaire à Marseille. 

Un écrivain, un humaniste, une tradition


Pendant des années, Salim-Hatubou va s'appuyer sur ses origines, sur les traditions orales de son pays, sur l'imaginaire des contes comoriens pour développer son style. Il est publié, reconnu, apprécié et devient une référence. Ce succès relatif lui permet de retourner régulièrement dans l'archipel où il consacre la majorité de son temps à écouter les conteurs. 
Doucement, son nom dépasse les frontières des quartiers Nord. Il est édité, lu, commenté. En 2013, à la l'âge de 41 ans, il construit des ateliers d'écriture.

Comme l'a rappelé Jean-Paul Kopp, président des rencontres Tsiganes et artisan local de la lutte contre le racisme, Salim-Hatubou a oeuvré toute sa vie contre le séparatisme et pour les échanges culturels : "Plutôt que de s'attaquer aux rayons alimentaires, il serait peut-être plus efficace de créer davantage de rayons de bibliothèque. On ne fait pas la guerre à la radicalisation et l'obscurantisme sans combattre la misère sociale et intellectuelle", a-t-il écrit pour rendre hommage à son ami comorien.

"Ne rejoignez pas ceux qui brûlent les livres, n'ayez pas peur d'aller dans une bibliothèque et de lire tous les livres." (Dwight Eisenhower)

Publiée par Jean-Paul Kopp sur Lundi 19 octobre 2020

Le poète souffrait pour sa communauté


En début de semaine, dans le quartier Saint-Antoine sur les hauteurs du Nord, a été inaugurée la Médiathèque Salim-Hatubou. Cet espace de 900 m2 va permettre aux enfants du secteur d'avoir accès aux livres, voir des films, échanger, confronter des opinions et s'ouvrir... Ce bâtiment est l'un des principaux outils pour lutter contre les certitudes qui engendrent l'obscurentisme. 

Les élus présents et les acteurs culturels de la ville ont rappelé que Salim-Hatubou, parti en 2015 à l'âge de 43 ans, s'inquiétait de la dérive dans son quartier des jeunes sans projet et sans avenir. "Il souffrait de la montée des périls, du racisme, des barrières sociales et des exclusions qui entravent la communauté comorienne," écrit La Marseillaise