L’impact du changement climatique n’épargnera pas un pays. À plus ou moins long terme, toutes les régions du globe seront concernées. Le phénomène El Niño va s’amplifier. La Niña a disparu à la fin du mois de mars 2023.
À cet épisode relativement froid succède à un épisode chaud. Les îles de l’océan Indien et donc Maurice ne seront pas épargnées comme, confirme François Gemenne : "Il est certain qu’El Niño combiné au changement climatique va accentuer les risques de sécheresse et d’activités cycloniques."
Les conseils du spécialiste, nous concernent. Il propose aux autorités mauriciennes d’effectuer un état des lieux de ses vulnérabilités. Le sujet est vaste. Il est question de géologie, de lutte contre les inondations, de préservation du rivage, mais aussi des chaînes d’approvisionnement, précise Le Mauricien.
L’organisation de la COP 31 ou 32
Au-delà de l’urgence factuelle, François Gemenne propose à l’île sœur de devenir un exemple en étant pionnière dans la décarbonation de son économie. En se lançant dans cette démarche, elle pourrait avoir, selon lui, un rôle à jouer dans les futures négociations internationales.
Logiquement, si nos voisins se lancent dans ce projet, ils deviendraient légitimes à organiser la COP quand l’Afrique devra accueillir le monde pour parler de l’avenir l’humanité et de la biodiversité : "L’Afrique vient d’organiser la COP 27 à Sharm El-Sheikh (NDLR : en Égypte), cela veut dire que le tour du continent reviendra pour la COP 31 ou 32. Et c’est maintenant que cela va se jouer. Il faut que Maurice donne de la voix et soit plus assertive dans les négociations internationales, sinon le train va lui passer sous le nez ".
+ 1,5 °C entre 2030 et 2035
La COP 21 et les accords de Paris ont vécu. La chimère de ne pas dépasser 1,5 °C à la fin du siècle a vécu. Ce cap symbolique sera dépassé dans les dix prochaines années. Les pays occidentaux ont réduit, chez eux, les émissions de gaz à effet de serre en délocalisant leurs industries. En gros, l’accumulation de gaz nocifs pour l’environnement continue dans l’atmosphère.
À ce rythme, le pire est à craindre. Si rien n’est fait, alors qu’elle sera la hausse en 2100 ? L’expert estime que la hausse moyenne des températures pourrait être de 4 °C à Maurice en 2100. Si une partie des engagements est tenue, elle sera de 3 °C. Enfin dans le cas d’une mise en œuvre d’une politique volontariste : "Dans ce cas-là, nous aurons la possibilité de limiter le réchauffement à 2 °C d’élévation moyenne d’ici 2100, c’est-à-dire à peu près 2,4 °C à 2, 5 °C pour Maurice".
Aujourd’hui, en 2023, nous sommes encore loin de ce scenario. Est-il envisagé par les dirigeants de la planète ? L’île Maurice, peut-elle devenir l’exemple inspirant envisagé par François Gemenne ?