Maurice : des milliers de médicaments jetés aux ordures

Des milliers de médicaments périmés jetés aux ordures à l'île Maurice. La vidéo d'un lanceur d'alertes révèle une nouvelle affaire
La destruction de milliers de médicaments est justifiée par la date de péremption, mais elle interroge sur la gestion des stocks. Un audit réalisé de juillet 2020 à juin 2021 dans les hôpitaux mauriciens pointe des dysfonctionnements, voire des irrégularités comptables.

Une vidéo, largement partagée sur les réseaux sociaux de l'île sœur, montre des agents hospitaliers qui jettent dans les ordures, des sacs-poubelles de plusieurs litres remplis de médicaments. L'auteur de ce film a ouvert l'une des poches noires. Elle contenait des centaines de flacons de comprimés inutilisés et, désormais inutilisables, la date limite de prescription inscrite sur l'emballage étant atteinte et même dépassée. 

Ce film diffusé, dans le journal de Défimédia le 1er avril 2022, n'est malheureusement pas une blague. 

Mardi 4 avril 2022, L'Express de Maurice a publié une enquête sur cet incident et révèle qu'il s'agit d'une véritable gabegie. 

Pas de stock de médicaments pour les enfants

Alors que des hôpitaux se plaignent, cette semaine, d'être en rupture de stock de médicaments pour soigner les enfants, un audit concernant ces achats à l'île Maurice, embarrasse l'exécutif.

Il est question de remèdes payés 17 fois plus cher, mais aussi de passation de marchés, où le donneur d'ordre reste, volontairement, sous la barre des 100 000 roupies mauriciennes (2 035 €) pour ne pas dépasser l'enveloppe des achats directs autorisés. Pas d'appel d'offres, pas de mise en concurrence et donc grâce à cette manœuvre répétée, il est impossible de suivre les achats.

Le lanceur d'alerte a également découvert qu'une salle de 274 m² de Médiclinique est dédiée au stockage des "drogues" périmées, en attente d'être incinérés.
Malgré les révélations et la vidéo, le lendemain, plus d'une dizaine de nouveaux sacs-poubelles étaient jetés aux ordures.
Les agents, filmés les sacs en mains, ont été transférés vers d'autres établissements de santé.