Maurice : entre sécheresse et risque de pollution des nappes phréatiques

(Illustration)
L’incendie du centre d’enfouissement des déchets de Mare-Chicose est circonscrit, mais il n’est pas encore éteint. Les sapeurs-pompiers tentent de noyer les foyers, mais cette eau s’infiltre dans la terre avec des éléments nocifs. Une situation inquiétante compte tenu du risque de manque d’eau potable. Des coupures d’approvisionnement sont déjà instaurées sur la côte Ouest.

Les habitants des communes de l’Ouest de l’île Maurice sont privés d’eau. Depuis la semaine dernière, des coupures d’eau ont été instaurées par les services de distribution de l’île sœur. Cette soudaine pénurie a provoqué la colère des agriculteurs et des citoyens concernés. Les riverains dénoncent, dans le journal Le Mauricien, la mauvaise répartition de la ressource entre les citoyens et les hôtels : "Les hôtels et les morcellements sont bien servis par de gros tuyaux et les villages aux alentours par des tuyaux de petite dimension".

Selon la Central Water Authority, les réservoirs affichent un taux de remplissage de 52% quand ils étaient 80% à la même période en 2021.

La situation contraint la CWA à prendre des mesures drastiques : "Nous avons dû revoir à la baisse sa production d’eau dans ses installations de Bois-Noir de Yemen. En raison de la chute conséquente du niveau d’eau dans ces deux endroits".

Les réserve d'eau affiche une naisse de 30% par rapport à 2021

"40 heures sans une goutte d’eau !"



Les planteurs et agriculteurs de l’Ouest ont été les premiers à exprimer leur colère : "Hier, je n’ai cessé d’appeler le ministère de l’Agro-industrie, voulant expliquer les problèmes auxquels nous, planteurs, faisons face. Mais le responsable était toujours en réunion. Même réponse pour rechercher un responsable pour l’irrigation. Je ne comprends pas pourquoi ils n’acceptent pas de nous recevoir ? Pourtant, j’ai quitté mon numéro de téléphone, sans jamais avoir de retour", explique Said Bundhoo.

Les cultivateurs ne sont pas les seules victimes. Yanis, habitant de Mahébourg, exprime son désarroi : "Imaginez 40 heures sans une goutte d’eau !", écrit L'Express de Maurice. Les habitants comprennent la situation. Ils se demandent juste, si un délestage est envisagé, afin de partager l’incidence de la sécheresse entre les différentes régions. Sans compter, que tout le monde n’est pas disponible pour faire la queue derrière les camions-citernes qui passent quand la majorité travaille.

L'incendie de la déchèterie de Mare-Chicose menace les nappes phréatiques.

Un risque majeur de pollution



L’incendie de la décharge de Mare-Chicose est maîtrisé, mais n’est pas encore circonscrit. Ce feu souterrain pose d’énormes problèmes aux sapeurs-pompiers. Dimanche, il se limitait à une surface de 100 m2, mais pour étouffer les dernières braises, il faut noyer la surface pendant trois jours. Une stratégie qui n’est pas sans risques.

Défimédia, nous apprend que les infiltrations d’eau dues à l’extinction de cet incendie de la déchetterie peuvent contaminer la nappe phréatique. La conjugaison de la fermentation des déchets enfouis et de l’eau produit les lixiviats.

Le risque est réel. "À Mare-Chicose, il y a un système de captage de lixiviat qui le traite avant de le déverser dans la mer. Nous redoutons une augmentation du volume de lixiviat, ce qui peut causer un overflow. Le risque de contamination des nappes souterraines augmente", explique Sunil Dowarkasing, consultant en développement durable et ancien stratège de Greenpeace.